Goa fut la capitale des Indes portugaises, à partir de laquelle les moines et missionnaires travaillèrent à l’évangélisation de l’Asie. La Vieille Goa, abandonnée depuis 1684, conserve un ensemble d’églises et couvents témoignant de cette activité missionnaire, tandis que Panaji est la ville coloniale moderne, plus récente.
Lorsqu’Afonso de Albuquerque prit Goa, en 1510, c’était une place commerciale tenue par des mercenaires ottomans à la solde du sultan de Bijapur. Elle commerçait en particulier avec Ormuz d’où étaient importés les pur-sang arabes nécessaires aux incessantes guerres entre royaumes hindous. C’était aussi un point d’embarquement pour les pélérins musulmans se rendant à La Mecque.
Première implantation portugaise en Asie, Goa fut imaginée comme une colonie, contrairement aux autres places qui furent simplement des comptoirs fortifiés : si la population musulmane avait été massacrée par Albuquerque, les coutumes des hindous furent respectées et les mariages mixtes encouragés. Une société métisse se constitua.
Le Portugal ayant obtenu du pape la mission exclusive d’assurer l’évangélisation de l’Asie, les moines et les missionnaires affluèrent : les Franciscains, dès 1517, rapidement suivis par les Jésuites, les Dominicains, les Augustins, etc. Goa se couvrit rapidement d’églises et de monastères. En 1542, le Jésuite François Xavier, de passage à Goa, notait déjà sa splendeur architecturale. C’est lui qui demandera ensuite la mise en place à Goa d’un tribunal de l’Inquisition.
Goa devint, en 1530, la capitale de tout l’empire portugais en Asie et le siège de la vice-royauté des Indes portugaises qui ne se limitaient pas au territoire de l’Inde d’aujourd’hui. On y établit également un archidiocèse et un commandement militaire. La ville atteignit l’apogée de sa prospérité entre 1575 et 1625. La vie sociale de la colonie portugaise y était alors très brillante.
L’arrivée des Néerlandais en Orient au milieu du XVIIe siècle entama la puissance de Goa dont la population se mit à décroître. Goa, devenue insalubre, fut abandonnée en 1684 et devint Vehla Goa, la Vieille Goa. La ville se déplaça alors à Panaji.
En 1947, au moment de l’indépendance de l’Inde, le Portugal refusa de rétrocéder ses possessions à l’Union indienne et le territoire de Goa resta portugais. En 1961, Goa fut cependant attaquée et rapidement prise par les troupes de Nehru, en même temps que d’autres possessions portugaises.
Bordé par les états du Karnataka et du Maharashtra, Goa constitue depuis 1987 un petit état de 3700 km2 assujetti à la République fédérale d’Inde.
Les églises et couvents de Vehla Goa témoignent de l’activité des missionnaires en Asie. Édifiés aux XVIe et XVIIe siècles, ces monuments ont relayé les modèles architecturaux en vigueur à Lisbonne et à Rome et ont exercé une influence dans tous les pays de mission d’Asie. Ils ont contribué à diffuser en Orient les modèles de l’art manuélin, du maniérisme et du baroque.
C’est l’église des Jésuites. On y vénère particulièrement Ignace de Loyola et François Xavier dont le tombeau est dans l’église.
La cathédrale est dédiée à sainte Catherine d’Alexandrie, célébrée le 25 novembre, date de la prise de Goa par Albuquerque. Elle fut terminée en 1651, après un siècle de travaux. C’est la plus grande église de Goa.
Cette église prit la suite d’un oratoire édifié par les Franciscains dès 1517. Elle fut consacrée en 1661.
San-Cajetan fut édifiée en 1656 après l’arrivée des Théatins, ordre fondé en 1524 par Gaëtan de Thyène. Cette église a un plan en croix grecque surmontée d’une coupole. Elle est inspirée de la basilique Saint-Pierre de Rome.
Dans les jardins de l’église, l’Arc des vice-rois touchait l’angle occidental de leur palais, construit à l’emplacement de l’ancien fort des sultans de Bijapur. C’est l’arrière-petit-fils de Vasco de Gama, alors vice-roi de Goa, qui ordonna la construction de cet arc en 1597 : sous cet arc qui marquait l’entrée principale de la ville, chaque nouveau vice-roi recevait les clés de la ville.
Panaji est aujourd’hui une petite ville qui se souvient de son passé colonial et portugais. On y compte 30 % de catholiques.
Avant d’arriver sur les quais, on croise la statue de l’abbé José Custodio de Faria, un enfant de Goa né en 1756 qui entreprit des études de théologie à Lisbonne puis à Rome. Arrivé en France, il fut embastillé pour avoir professé des opinions hérétiques puis enfermé au château d’If. Durant sa captivité, il s’initia à la pratique de l’hypnose dont il fit ultérieurement des démonstrations publiques.
Il rencontra Alexandre Dumas et devint un de ses personnages dans Le Comte de Monte-Cristo. La statue date de 1945.
Cette église prit la suite d’un oratoire qui se dressait dès 1541 sur la butte dominant les quais de Goa : c’était la première église qu’apercevaient marins et voyageurs en arrivant à Goa. L’église actuelle fut achevée en 1619.
Les multiples frontons triangulaires de la façade et l’escalier à double volée qui dessert un ensemble de terrasses étagées illustrent les canons architecturaux de la Renaissance.
Le logo de cet article est une photographie de la façade de la cathédrale Sainte-Catherine de Goa.