Convertis à l’hindouisme au XIIe siècle, les souverains Hoysala firent ériger une série de temples en étoile, forme qui permet de multiplier les sculptures sur les murs. Parmi les temples Hoysala figurent Somnathpur, Halebid et Belur.
L’emploi d’une pierre tendre vert foncé, la stéatite, facile à travailler et durcissant ensuite au contact de l’air, permit aux artistes d’atteindre un degré inégalé dans l’exécution des détails tels les parures et vêtements dont sont ornées les divinités.
Belur fut, comme Halebid, l’une des capitales de la dynastie des Hoysala entre le Xe et le XIIIe siècles. L’édification du temple de Vishnu Chennakesava, Le Beau Kesava, fut décidée par le roi Vishnuvardhan en l’an 1116, pour célébrer sa victoire sur l’empire Chola. La construction du temple dura 103 ans.
Comme celui d’Halebid, le temple de Belur n’a pas conservé de vimana.
On pénètre dans l’enceinte par un grand gopuram d’époque Vijayanagar, suivi par le djavastambha ou porte-étendard. Au-delà s’étend une vaste esplanade dallée conduisant au temple, édifié sur une plateforme en étoile ou adisthana. Celui-ci comporte un seul sanctuaire mais trois accès, à l’est, au sud et au nord, tous trois desservis par une double volée d’escaliers flanquée de templions. L’escaler inférieur permet de s’élever en haut de l’adisthana et l’escalier supérieur permet de franchir la plinthe sculptée ou jagati et d’arriver au niveau de l’intérieur du temple.
L’entrée principale, à l’est, est encadrée par le héros des Hoysala, un valeureux jeune homme du nom de Sala, affrontant le lion et fondateur mythique de la dynastie.
Au-dessus de la porte d’entrée, le linteau est une grande composition qui représente Garuda, la monture de Vishnu, surmonté par Narasimha, l’Homme-Lion, un des avatars de Vishnu. Cet ensemble est inscrit entre deux makharas : installés au-dessus des deux colonnes qui flanquent la porte, ces animaux fantastiques crachent des ondulations constituant un arc qui coiffe la scène.
Les jambages de la porte d’entrée représentent Kâma, dieu de l’amour et Ratî, déesse de l’amour.
Les trois entrées du temple sont également ornées de lions dressés ou yalis.
La base du temple ou jagati est décorée d’une série de frises : de bas en haut des éléphants puis, dans des médaillons ou des rinceaux végétaux, des danseuses et des musiciens, enfin des niches abritant des personnages et des représentations de temples ou de colonnades.
Le registre supérieur présente de nombreuses statues de divinités et de leurs serviteurs ou servantes.
Les divinités sont appuyées contre des pilastres séparés par des colonnes à géométrie complexe, tantôt polygonale, tantôt cylindrique. Certaines statues sont surmontées par la représentation d’une tour de sanctuaire ou vimana en forme de flèche pyramidale à base carrée, feuilletée horizontalement en multiples niveaux superposés.
Le mythe de Shiva mendiant :
Quand Shiva coupa la cinquième tête de Brahmâ, il commit une grave faute qui nécessitait expiation. Très curieusement, le crâne de la tête coupée alla se placer dans la main de Shiva et rien ne put l’en enlever. Pour se débarrasser de sa faute, ainsi que de ce crâne accusateur, Shiva dut errer sous la forme d’un moine-mendiant nu, jusqu’à ce qu’il atteigne un lieu, nommé Brahmâ-kapalam (le crâne de Brahmâ), sur les pentes des Himalaya, où sa faute lui fut enfin pardonnée. Et le crâne de Brahmâ tomba à terre, de son plein gré...
Parmi les statues se trouvent les mandanikas, gracieuses jeunes femmes placées en console, parfois sur une fleur de lotus, en haut des multiples colonnes ou piliers, à l’extérieur comme à l’intérieur du temple. Ces très fines sculptures présentent des détails de parures, des expressions, des mouvements rendus avec une dextérité exceptionnelle.
Le mandapa recèle des colonnes sculptées polies, certaines surmontées également de gracieuses mandanikas.