Lors de notre déplacement dans le sud-est du Gansu, entre Lanzhou et Xiahe, nous traversons une région peuplée par les Hui. Les Hui constituent l’une des 56 ethnies ou nationalités reconnues en Chine. La plupart des Hui sont cependant anthropologiquement similaires aux chinois Han, à cela près qu’ils pratiquent l’islam.
L’islam arriva officiellement en Chine en 651 lorsque quatre ambassadeurs envoyés par le calife Othman, troisième successeur du Prophète, furent reçus à la cour de l’empereur Tang. Des marchands arabes et persans arrivèrent ensuite en Chine du nord-ouest par les routes d’Asie centrale sous les dynasties Tang et Song. Par la suite, les expéditions militaires de Gengis Khan au XIIIe siècle amenèrent en Chine des populations musulmanes issues de l’Asie occidentale et centrale. Les Ming (1368-1644) et les Qing (1644-1911) laissèrent l’islam se développer en Chine. Le nombre de croyants s’élève aujourd’hui à plus de trente millions et 40 000 imans assurent la prédication dans 23 000 mosquées.
Gongbei est le nom donné par les musulmans Hui de Chine aux lieux saints. Ce terme est dérivé du persan gonbad qui signifie "coupole" et désigne en général un mausolée. L’édifice situé à Linxia est dédié au prédicateur Qi Jingyi ou Hilal al-Dinou, fondateur de l’école soufie Qadiriyya, et à ses successeurs. Linxia est toujours le centre de cette école soufie.
Le monument, qui comporte une petite salle de prière, est organisé autour d’une cour chinoise et mêle l’architecture islamique et l’architecture chinoise traditionnelle. Détruit pendant la Révolution culturelle, il a été reconstruit.
On accède au mausolée par un passage orné de bas-reliefs de style chinois.
En allant de Xiahe à Lanzhou, on traverse des régions habitées par les Hui. C’est l’occasion d’apercevoir, sur le bord de la route, les minarets de quelques mosquées de village.
Les mosquées Hui sont proches de l’architecture chinoise traditionnelle et s’opposent aux mosquées ouïgoures que nous verrons dans le Xinjiang et qui sont inspirées de l’architecture timouride. Mais nous découvrons ici bien d’autres styles, quelque peu exotiques.