L’île Éléphantine est la plus vaste des îles des environs d’Assouan. Longue d’environ 1,5 kilomètre et large de 500 mètres, elle fait face à la ville moderne, située sur la rive droite du Nil. L’île est aujourd’hui occupée par les ruines de la ville antique, le musée d’Assouan, deux villages nubiens à vocation plus ou moins touristique, des équipements hôteliers et de la végétation.
Dès l’Ancien Empire, la ville d’Éléphantine fut la capitale du premier nome de Haute Égypte ou pays de l’arc. Son nom antique de Yeb puis Abou signifiait à la fois "éléphant" et "ivoire" tandis qu’Éléphantine est le nom que lui donnèrent les Grecs.
Selon des croyances antiques, c’est dans une grotte de l’île Éléphantine que naissait la crue du Nil, régulée par les divinités Anouket, vénérée sur l’île de Séhel, et Satis, la parèdre de Khnoum : Satis évitait que la crue soit trop basse et Anouket l’empêchait d’être trop haute.
La ville fut, à toutes les époques antiques, le point de départ des expéditions tant commerciales que militaires vers la Nubie.
Les édifices antiques d’Éléphantine ont beaucoup souffert des débuts de l’industrialisation de l’Égypte, une bonne partie des pierres calcaires ayant été utilisée dans les fours à chaux. Les travaux actuels des archéologues visent à restituer quelques édifices à partir des fondations et des blocs qui ont été épargnés et à retrouver les plus anciennes occupations du site qui remontent aux premières dynasties de l’Ancien Empire.
Sur l’île, nous nous intéressons principalement aux temples de Satis. Les archéologues ont identifié sept structures ou édifices successifs dédiés à cette divinité.
Les structures 1 à 3 (ci-contre), progressivement retouchées, datent de l’Ancien Empire tandis que 4 est une construction du Moyen Empire dûe à Montouhotep II et datée de 2025 av. J.-C. environ.
Deux temples ont été restitués :
Enfin, le temple 7 est une construction d’époque ptolémaïque.
La photo ci-dessous, prise à l’entrée du site, montre
Quelques blocs ont permis de restituer la structure de ce petit temple de la XIIe dynastie.
Le plan précédent (croquis 5) montre une entrée décentrée donnant directement dans un couloir. Une salle hypostyle à deux piliers se trouve sur le côté mais il ne reste rien de ces piliers.
En pénétrant dans le sanctuaire on découvre au fond de la cella, deux paires de pieds appartenant à un bloc statuaire qui comptait vraisemblablement trois personnages.
Les rares blocs préservés montrent quelques décors très finement gravés, essentiellement des hiéroglyphes.
Le plan ci-dessus (croquis 6) montre que ce temple de la XVIIIe dynastie (Nouvel Empire) est entouré d’une colonnade : elle est restituée sur la façade du temple qu’on découvre depuis l’entrée du site comme le montre la photo qui suit.
Cette photo montre aussi, à l’extrême-droite et à l’arrière-plan, la restitution du temple du Moyen Empire.
L’entrée du temple de Thoutmôsis III est située, comme dans le temple du Moyen Empire, sur le côté droit de la façade mais, ici, cette entrée débouche directement dans une salle hypostyle à deux piliers.
Les décors ont conservé quelques polychromies.
En montant vers le point culminant du site, on bénéficie d’une vue de la ville antique dans toutes les directions
La carte ci-contre (cliquable) récapitule les principaux vestiges qui ont été identifiés sur l’île.
1- Escalier monumental - Période gréco-romaine
2- Musée et annexes
3- Temple de Satet - Nouvel Empire
4- Temple de Satet - Moyen Empire
5- Bâtiments résidentiels - Moyen Empire
6- Pyramide - Ancien Empire
7- Nilomètre du temple de Satet - Période romaine
8- Nilomètre du temple de Khnoum - Période romaine
9- Temple de Khnoum - Basse Époque
10- Cimetière de béliers - Période ptolémaïque
11- Inscription de Khéops - Ancien Empire
12- Reconstruction d’un petit temple de Kalabsha - Période méroïtique
L’aigle qu’on voit sur la bande blanche du drapeau égyptien est celui de Saladin.