Entre les deux barrages d’Assouan, à une quinzaine de kilomètres de la ville et parmi les îles de la Première cataracte du Nil, Philæ est aujourd’hui une île engloutie. Un temple dédié à Isis s’y trouvait, à proximité de l’île de Biggeh, lieu d’inhumation mythique d’Osiris.
En 1970, le temple d’Isis est déjà dégradé par plusieurs décennies d’immersion saisonnière sous les eaux du lac de retenue du premier barrage. Il est alors menacé d’un engloutissement définitif avec la mise en service du Haut barrage d’Assouan. Le temple et ses annexes sont donc déplacés et remontés entre 1974 et 1976 sur l’île voisine d’Agilkia, remodelée afin d’avoir la même forme que l’île de Philæ.
Le plan ci-contre [1] est celui de l’île d’Agilkia où on visite de nos jours le domaine d’Isis.
Ce plan d’ensemble montre que les différents édifices ne sont pas alignés : ils sont distribués selon une répartition qui épouse la forme de l’île.
Le pylône d’entrée est, de manière exceptionnelle, ouvert vers le sud et la Basse Nubie où s’étendait le domaine attribué au temple.
Ce pylône d’entrée est précédé d’une longue esplanade, désaxée par rapport au temple et qui s’élargit au fur et à mesure qu’on progresse vers le temple. Cette avenue s’appuie au sud, sur diverses constructions dont l’une, due à Nectanebo (r. 380-362 av. J.-C.), constitue le vestige le plus ancien qui subsiste sur ce site de construction très tardive.
L’esplanade est bordée, de chaque côté, d’une colonnade et non pas d’une série de sphinx comme sur un dromos du Nouvel Empire.
On approche l’île par l’ouest, en venant du nord.
La photo qui suit est une vue rapprochée (zoom) prise depuis le nord-ouest. À l’arrière-plan apparaissent les chaos rocheux de la rive droite du Nil. L’entrée du temple est à droite et la colonnade occidentale de l’esplanade est visible à l’extrême-droite.
Sur cette photo, on voit se succéder, de droite à gauche, l’enfilade des édifices du temple proprement dit : le grand pylône suivi d’une cour, un pylône plus petit, le pronaos et, plus bas et plus étroits que ce dernier, les salles conduisant au saint des saints. La cour est bordée par le mammisi, temple indépendant dédié à la naissance divine.
En progressant vers le sud, on découvre peu à peu la partie occidentale du domaine et on aborde au sud.
Nous nous dirigeons alors vers les constructions de Nectanebo, à l’extrémité sud de l’esplanade.
Roi fondateur de la XXXe dynastie, Nectanebo Ier appartient à la dernière dynastie d’origine égyptienne avant l’arrivée d’Alexandre.
La photo ci-dessous montre, au premier plan, la façade orientale du kiosque de Nectanebo dont il ne reste que la partie inférieure. Au plan médian apparaît la seule architrave qui subsiste de cet édifice : les colonnes sont surmontées d’un chapiteau à dé hathorique. À l’arrière-plan se trouve un mur, percé de fenêtres, qui domine le Nil. À l’extrême-droite de la photo s’amorce la longue colonnade qui borde l’esplanade à l’ouest.
Un premier temple d’Isis avait été édifié à Philæ par Ahmosis (r. 570–526 av. J.-C.), roi bâtisseur de la XXVIe dynastie.
La construction du temple qu’on voit aujourd’hui date principalement de la dynastie des Ptolémée et dura donc près de trois siècles : Ptolémée Ier Soter (r. 323-283) élabora les plans de la partie centrale du temple qui fut édifiée par Ptolémée II Philadelphe et son épouse Arsinoé II. La construction se termina sous Ptolémée IX par l’aménagement de l’esplanade et les derniers décors datent de Ptolémée XIII (r. 51-47).
La transformation de l’esplanade en espace fermé fut décidée sous le règne d’Auguste et la colonnade qu’on y voit aujourd’hui est donc d’époque romaine.
Les colonnes ont des chapiteaux de formes très variées.
Les deux pylônes ont été construits par Ptolémée VI Philométor. Le plus grand d’entre eux ferme au nord l’esplanade aménagée ultérieurement par Ptolémée IX pour l’accueil des pélerins.
La porte qui se trouve entre les deux môles de ce premier pylône date de Nectanebo Ier : ce dernier l’avait en effet ajoutée au temple d’Ahmosis et elle fut ensuite incluse dans le premier pylône par Ptolémée VI. La décoration du pylône fut terminée par Ptolémée XIII.
La construction du second pylône date de Ptolémée VI. Son décor est plus tardif : le môle de droite montre Ptolémée XII qui fait une offrande à Horus et Isis-Hathor.
En dessous des pieds du roi, on voit que ce môle est élevé sur un rocher qui a été arasé et qui se présente comme une stèle. Une inscription y figure, datée de l’an 24 du règne de Ptolémée VI Philométor (180-145 av. J.-C.). Elle stipule qu’Isis, le temple de Philae et son clergé auront la jouissance de la Dodécaschène, région située immédiatement au sud de la première cataracte, de part et d’autre du Nil.
Dans le sanctuaire du mammisi se trouvent des scènes peu habituelles.
Au-delà du second pylône, on se trouve dans le pronaos dont une première partie était à ciel ouvert tandis que la partie du fond était sous colonnes.
Au-delà du pronaos, se trouve un ensemble d’une dizaine de salles dédiées au culte dont celle, située le plus au fond et dans l’axe du temple, constitue le saint des saints. On y voit des scènes d’offrande d’une grande finesse, particulièrement bien conservées.
A l’extrémité nord du site, se dressent les restes d’un temple dédié à l’empereur Auguste et d’une porte en forme d’arc de triomphe construite par Dioclétien : cette porte conduisait vers un quai.
Situé le long de la rive orientale de l’île, Le temple d’Hathor fut construit par Ptolémée VI Philométor puis Ptolémée VIII. Par la suite, les empereurs romains y ajoutèrent un portique à colonnes dont subsistent quelques vestiges.
Le temple est dédié au retour de "La lointaine", mythe qui renvoie au retour cyclique de l’inondation bienfaisante. L’isolement de Tefnout "La redoutable" en Nubie symbolise la sécheresse que subit la terre d’Égypte en plein été. Son retour, sous les traits de la paisible Hathor, coïncide avec la montée des eaux de la crue du Nil. Ce retour était accompagné de chants et de danses auxquels font allusion diverses scènes gravées sur les murs ou les colonnes.
Le kiosque de Trajan compte quatorze colonnes surmontées de chapiteaux composites et reliées par des murs-bahuts.
Il présente deux portes, l’une à l’ouest et l’autre à l’est.
[1] Gérard Ducher(Néfermaât), CC BY-SA 2.5 <https://creativecommons.org/license...> , via Wikimedia Commons