La mosquée du Vendredi conserve des témoignages d’une très longue et très riche histoire architecturale.
Une première mosquée existait au VIIIe siècle sous le califat abbasside. Elle fut reconstruite puis agrandie aux IXe et Xe siècles. Au XIe siècle, les Seldjoukides ajoutèrent de vastes salles hypostyles.
Après un incendie qui épargna certaines de ces salles, la mosquée fut reconstruite au XIIe siècle par les Seldjoukides selon le plan persan à quatre iwans.
La salle de prière d’Uldjaïtu renferme un exceptionnel mirhab de stuc d’époque ilkhanide (1256-1335).
La décoration se poursuivit à l’époque safavide par la mise en place des céramiques émaillées qui recouvrent les iwans et les façades et même à l’époque qadjare en ce qui concerne l’iwan oriental.
L’entrée s’effectue par un passage qui débouche dans une vaste cour au centre de laquelle se trouve une petite tribune.
Compte tenu de la situation de La Mecque, très sensiblement au sud par rapport à Ispahan, l’iwan principal est l’iwan sud au fond duquel se trouve la salle de prière principale. La description commence donc par cet ensemble.
L’iwan ouest est surmonté d’un petit édifice en bois pour l’appel à la prière. C’est à sa droite que se trouve l’entrée vers la salle de prière d’Uldjaïtu.
L’iwan sud est surmonté par deux minarets. Il donne accès à la grande salle de prière ou salle du mirhab, surmontée d’une haute coupole et prolongée par la salle hypostyle sud.
La salle hypostyle sud
Construite par les Seldjoukides, cette très vaste salle est établie de part et d’autre de l’iwan sud. Sa partie la plus spectaculaire se trouve sur la gauche de l’iwan. L’une des travées de cette salle est éclairée par trois coupoles ouvertes. Les autres sont surmontées de petites coupoles à décor de briques nues, présentant des motifs variés.
En 2019, nous visitons la mosquée en période de Ramadan et le sol est couvert de tapis.
La salle du mirhab et la coupole sud
Encore appelée Gonbad-e Nizam al Molk, la salle du mirhab porte le nom du célèbre vizir qui la fit construire entre 1072 et 1092 pour le sultan Malik Shâh.
La coupole sur trompes domine une salle carrée. La base de la coupole est ornée d’une frise épigraphiée de briques, en écriture coufique.
Les décors de l’iwan sud
L’iwan sud est orné d’immenses muqarnas [1]. Dans leurs alvéoles tapissées de briques brutes, des briques émaillées bleues constituent un décor épigraphié dans le style coufique géométrique ou coufique du maçon fondé sur divers noms sacrés (Allâh, Ali...).
Le décor de céramique de la partie basse de l’iwan date du XVe siècle.
Les céramiques de la façade de l’iwan (pishtaq) sont d’époque safavide (XVIe et XVIIesiècles). Elles portent des inscriptions en écriture thuluth (ou sols, en persan).
Le shabestan
La salle d’été ou shabestan est une salle souterraine construite en 1448 sous les Timourides. Ses puissants piliers supportent d’élégantes voûtes d’arêtes.
À droite de l’iwan ouest, la salle de prière d’Uldjaïtu
Uldjaïtu, petit-fils de Gengis Khan, hérita de l’un des quatre royaumes issus du partage de l’empire mongol et fonda la dynastie il-khanide.
Il fit construire dans la mosquée du vendredi d’Ispahan une petite salle de prière privée. On pénètre dans cette salle par une porte située à droite de l’iwan ouest.
Cette salle renferme un mirhab considéré comme l’un des plus beaux de l’art musulman : il est orné de calligraphies de stuc et de motifs végétaux et géométriques.
La coupole nord et la salle hypostyle nord
À l’extrême-droite de la photo précédente apparait le dôme qui couvre la coupole nord. Cette dernière fut édifiée en 1088 à l’arrière d’un vaste espace initialement non couvert qui fut transformé ultérieurement en salle hypostyle. La coupole porte le nom de Tadj al Molk, ministre du sultan Malik Shâh et vizir de son fils.
L’iwan oriental et son décor d’époque qadjare
Dans la mosquée persane, les ablutions ne s’effectuent pas dans la cour, comme dans les mosquées arabe et ottomane mais dans un espace intérieur réservé à cet usage.
Le logo est un détail des muqarnas de l’iwan oriental.
[1] Les muqarnas sont des éléments décoratifs de l’architecture islamique. Ils ont la forme de nids d’abeilles et sont réalisés, selon le cas, en stuc peint, en bois, en pierre ou en brique. Ils dégringolent en stalactites ou garnissent les voûtes, les porches ou l’intérieur des coupoles de nombreux bâtiments. Les premiers muqarnas apparurent en Irak à la fin du XIe siècle, sous la dynastie seldjoukide. Ils se répandirent ensuite rapidement en Syrie, en Turquie, en Égypte et jusqu’en Andalousie au siècle suivant