Un Chehel Sotun est un palais à grand nombre de colonnes. Celles-ci ne sont cependant pas forcément quarante, ce nombre étant utilisé en persan pour signifier l’abondance.
Le Chehel Sotun d’Ispahan fut édifié sous les règnes de Shâh Abbâs Ier et de Shâh Abbâs II. Ses colonnes se reflètent dans l’eau d’un bassin d’albâtre. C’était le palais des couronnements et des réceptions officielles d’ambassadeurs étrangers.
Le porche à colonnes, caractéristique de l’archirecture persane porte le nom de talar. Édifié en 1647, il précède un iwan décoré de miroirs. Ce dernier abritait le trône du souverain.
Le portique donne accès à une pièce de réception barlongue.
La photo précédente montre la structure de cette salle, couverte de trois coupoles peu profondes séparées par des arcs persans transversaux.
La grande peinture centrale date de la fin du XVIIIe siècle, donc de l’époque qadjare. Elle illustre une défaite safavide, celle de la bataille de Chaldiran qui vit le fondateur de la dynastie safavide, Shāh Ismaïl, s’incliner face aux Ottomans du sultan Sélim Ier équipés de canons.
Sur le mur d’en face, une autre grande peinture glorifie la nouvelle dynastie qadjare : elle représente la victoire de Nadir Shâh sur le moghol Muhammad Shâh en 1739.
Des peintures plus anciennes datant du XVIIe siècle entourent les scènes précédentes. Elles célèbrent la grandeur de la dynastie safavide.
La victoire de Shâh Ismaïl sur les Ouzbeks
Les Ouzbeks qui avaient envahi la Transoxiane fuient devant Shâh Ismaïl : cette bataille fixa définitivement la frontière du nord-est avec le monde asiatique.
Shâh Tahmasp reçoit à sa table un dignitaire turkmène
Shâh Tahmasp accueille le moghol Humayun
Humayun, deuxième sultan moghol, alors en difficulté, se réfugie avec sa suite, vêtue de pyjamas indiens, à gauche, à la cour de Shâh Tahmasp.
Shâh Tahmasp reçoit un souverain étranger
Sous ces grandes peintures d’histoire, des scènes plus intimistes dans le style des miniatures sont représentées à hauteur des yeux.
Enfin, d’autres peintures ornent les pièces annexes, telle ci-dessous, une célèbre scène de l’histoire contée par le poète Nezami : Khrosrow découvre Shirin qui se baigne dans la rivière. Il se mord le doigt d’étonnement devant sa beauté.
La salle de réception est flanquée extérieurement de deux portiques. Les niches délimitées sur leurs murs sont ornées de peintures représentant divers personnages dans un vêtement ou un style occidental : elles montraient que le souverain avait des échanges avec le monde occidental et honoraient les voyageurs et ambassadeurs venus de ces contrées.
Un palais du même nom se trouve à Qazvin, qui fut capitale de la dynastie safavide avant Ispahan.