Le nom de ce quartier renvoie à celui de la ville de Djolfa, située à l’extrême nord-ouest du pays, tout près de l’actuelle frontière avec la République d’Arménie.
Des populations arméniennes originaires de Djolfa furent en effet déportées à Ispahan par Shâh Abbâs Ier, en 1603. Installés dans un quartier, à l’époque extérieur à la ville et dénommé Nouvelle Djolfa, les Arméniens bénéficièrent de la protection royale en échange de leur contribution au développement de la ville et à la décoration des monuments. Ils étaient en effet connus comme d’excellents artisans. Ils obtinrent aussi le monopole du commerce de la soie.
Le quartier compte plusieurs églises apostoliques arméniennes. L’église Sainte-Marie-de-Bethléem et la cathédrale arménienne Saint-Sauveur ou cathédrale Vânk présentent une architecture extérieure de style iranien en brique avec dôme, iwans, arcs persans...
Cependant, contrairement aux églises arméniennes dont l’intérieur est généralement non orné, les murs intérieurs sont ici couverts de peintures : ceci suggère l’influence très probable des missionnaires catholiques présents à Ispahan au moment de la construction de ces deux églises.
La cathédrale, dédiée au Sauveur, a été construite entre 1655 et 1664. Le nom Vânk qui signifie monastère en arménien rappelle qu’elle faisait partie d’un ensemble monastique.
Datés du XVIIe au XXe siècles, les objets présentés illustrent le mode de vie de la communauté arménienne, ses traditions et certains des savoir-faire artisanaux des artisans arméniens.
La partie la plus intéressante de ce musée concerne les travaux de la communauté arménienne autour de l’édition de livres aux diverses époques. L’activité des copistes et miniaturistes arméniens s’illustre dans une belle collection d’évangéliaires et autres ouvrages religieux.
Les Arméniens d’Ispahan furent par ailleurs les fondateurs de la première imprimerie du Moyen-Orient.
En effet, le voyageur Tavernier raconte qu’un menuisier arménien de la Nouvelle Djolfa ramena d’Europe en 1641 une imprimerie à l’aide de laquelle il publia des épîtres, des prières et des incantations.
Cependant, dès 1636, un livre avait été imprimé à Ispahan : les caractères avaient été fabriqués avec l’aide de l’archevêque arménien Khachatour Kesaratsi.
L’imprimerie de l’église Vânk fonctionna pendant 330 ans et outre les calendriers et les rapports publiés à l’intention des instituts religieux, elle compte à son actif environ 263 ouvrages édités grâce aux efforts des archevêques arméniens.