Edfou est le nom moderne de l’ancienne Béhédet où l’on vénérait une divinité Hor Behedety qu’on appelle de nos jours Horus d’Edfou.
Dans le temple d’Edfou, Horus peut être représenté de plusieurs façons :
Les représentations de la divinité coiffée du pschent rappellent que le dieu faucon est, depuis les origines, associé à la royauté. Les deux uraei rappellent que le roi domine les Deux Terres.
En 237 av. J.-C, le roi Ptolémée III Évergète Ier fit construire à Edfou, sur un sanctuaire antérieur, un temple colossal dédié à la triade locale constituée d’Horus, son épouse Hathor et leur fils Harsomtous. La construction et la décoration furent achevées par ses successeurs de la dynastie lagide en moins de deux cents ans et l’édifice se trouve ainsi particulièrement homogène sur le plan stylistique.
Edfou est donc, tout comme Dendérah, un temple d’époque ptolémaïque. C’est l’un des sanctuaires égyptiens les mieux conservés.
Son intérêt réside dans la qualité des reliefs gravés et des inscriptions qui donnent les détails du culte quotidien rendu à la divinité et des cérémonies marquant les grandes fêtes annuelles. Murs et colonnes racontent les différents rites accomplis par le roi ou le prêtre qui l’incarne.
Chaque année à l’occasion de la Fête de la Belle Rencontre, l’effigie d’Hathor voyageait en barque de Dendérah à Edfou, pour retrouver son époux Horus. Le voyage d’Hathor est représenté sous la galerie qui se trouve au revers du pylône. Certaines des barques ont une voile, ce qui est plutôt inhabituel.
La cour est bordée sur trois côtés de portiques à chapiteaux composites. Dans l’axe de la cour, le quatrième côté possède des colonnes plus élevées, reliées par des murs d’entrecolonnement : il donne accès, par une porte sans linteau, à la première salle hypostyle.
La première des photos qui suivent montre qu’il y a en réalité deux salles hypostyles en enfilade qui précèdent la salle des offrandes et le sanctuaire. Ces salles sont de plus en plus basses et de plus en plus obscures au fur et à mesure qu’on progresse dans le temple.
Les décors gravés de la salle hypostyle montrent en particulier des scènes de la cérémonie journalière d’adoration de la statue d’Horus par le roi ou le grand-prêtre qui se substitue à lui.
Le sanctuaire est plutôt vaste : au fond se trouve le naos qui est un bloc de granite monolithe datant d’un sanctuaire antérieur.
À l’extérieur du domaine défini par le sanctuaire et les chapelles annexes s’étire un étroit couloir de circulation.
De multiples scènes illustrent les combats livrés par Horus contre Seth, avec l’aide de Rê et de sa mère Isis. Horus est victorieux de son ennemi présenté sous forme d’un crocodile ou d’un hippopotame, animaux maléfiques incarnations de Seth.
La photo suivante illustre l’investiture royale. En bas à droite, Thot et Anubis versent sur le nouveau souverain l’eau purificatrice. En bas à gauche, deux divinités féminines coiffées, l’une, de la couronne de Haute Égypte et l’autre de la couronne de Basse Égypte coiffent le roi de la double couronne.
Sur l’esplanade qui précède le temple s’élève le mammisi ou "temple de la naissance ". Il s’agit d’un édifice annexé aux sanctuaires à partir de la Basse Époque dans lequel, chaque année, on avait coutume de célébrer la naissance du dieu-enfant, ici Harsomtous.
C’est également là que les origines divines du roi, représentant d’Horus sur terre, étaient célébrées lors de fêtes annuelles.
Le nom grec Horus est dérivé de celui du faucon Hor et, dès la période prédynastique (aux alentours de 3300 av. J.-C.), le hiéroglyphe Hor désignait également le souverain. Depuis les origines, le faucon Horus se trouve ainsi étroitement associé à la royauté en tant que divinité dynastique. Son nom signifie "celui qui est au-dessus, ou "celui qui est loin", en référence au vol majestueux du rapace.
Le panthéon égyptien compte de nombreux dieux faucons (Sokar est l’un d’entre eux) mais Horus est de loin le plus important. Il prend deux aspects principaux : la forme adulte et la forme juvénile.
La forme adulte se manifeste de diverses façons, chacune associée à une dénomination particulière. Horakhty, le Soleil à sa pleine puissance, est à l’image du roi qui gouverne d’un horizon à l’autre. En fusionnant avec Rê, démiurge de la cité d’Héliopolis, il devient Rê-Horakhty, sous l’apparence du dieu à corps humain et tête de faucon coiffé d’un soleil. À Edfou, il est Hor Behedety ou Horus de Béhédet, le faucon qui, à l’image du Soleil, traverse le ciel. À Kôm Ombo, enfin, il est Horus l’Ancien, Haroëris (nom grec du dieu égyptien Hor Our) imaginé comme un faucon dont les yeux sont le Soleil et la Lune.
La forme juvénile dite "Horus-enfant" ou "Horus fils d’Isis et d’Osiris" est liée au mythe osirien. Le dieu-fils possède, là encore, diverses dénominations. Selon le mythe, En tant que fils d’Isis et Osiris, issu d’une naissance miraculeuse due à la magie d’Isis, il s’appelle Harpocrate (nom grec) ou Harsiesis (Horus fils d’Isis). Mais il est aussi Hornedjitef (Horus qui prend soin de son père) lorsqu’il venge Osiris en combattant son oncle Seth et en recevant, après sa victoire, le royaume en héritage.