Un paysage égyptien dans un sanctuaire de la déesse Fortuna
Photographies prises en juin 2016
La cité de Præneste, aujourd’hui Palestrina, proche de Rome, comptait parmi les principales cités du Latium à l’époque archaïque. Son oracle de la Fortune Primigène, Fortuna Primigenia, était l’un des plus importants de la région. La ville demeura indépendante jusqu’à la période de la guerre sociale (90-88 av. J.-C.) puis elle appartint au monde romain en tant que municipe, cité disposant de sa propre législation.
Un vaste sanctuaire de style hellénistique construit à Præneste à la fin du IIe siècle av. J.-C. abritait une grande mosaïque de sol : la mosaïque du Nil.
Le temple de Fortuna, divinité de la Chance, fut édifié à Praeneste vers 120 av. J.-C. sur une hauteur située en bordure de la chaîne des Apennins. C’était un vaste complexe d’inspiration hellénistique dont il subsite des vestiges importants. Il reliait la partie basse de la ville au sanctuaire proprement dit par une succession de terrasses, de rampes et d’escaliers.
Un palais fut édifié sur les ruines du sanctuaire antique dès le IXe siècle par les seigneurs Colonna, propriétaires des lieux. Il fut reconstruit au XVe siècle puis acheté par la famille Barberini au XVIIe siècle.
La mosaïque nilotique de Palestrina ornait le sol d’un nymphée du sanctuaire de la déesse Fortuna. La présence d’une mosaïque inspirée par les paysages des rivages du Nil peut être liée au fait qu’après la conquête égyptienne, Fortuna fut plus ou moins assimilée à la divinité égyptienne Isis.
La mosaïque représente le cours du Nil, depuis l’Éthiopie et ses montagnes, figurées en haut, jusqu’à la mer Méditerranée suggérée en bas. Elle mesure 5,85 mètres de large et 4,31 mètres de haut et illustre la fascination que l’Égypte exerça sur les Romains dès la fin du IIe siècle av. J.-C. La mosaïque est l’œuvre d’artistes alexandrins, comme en témoignent les inscriptions en grec qui désignent, ici ou là, certains animaux.
Vers 1625, la famille Barberini retira la majeure partie de la mosaïque de son support sans en relever la composition, afin de l’exposer dans son palais. Des aquarelles soignées avaient heureusement été réalisées par l’artiste Cassiano dal Pozzo (1588-1657) avant ces travaux. Grâce à la redécouverte récente de ces aquarelles qui avaient été perdues depuis longtemps on a pu réarranger les divers panneaux d’une manière assez satisfaisante.