Le service militaire ayant été interdit sur ordre de l’occupant et remplacé par les Chantiers de la Jeunesse Française, Raymond Vanbrugghe y est incorporé dans le courant de l’année 1941. Il est affecté au groupement 43 SIDI BRAHIM basé à Artemare (01).
Le groupement d’Artemare comprend onze groupes dont le n° 2 à Anglefort, le n° 5 à Sylan (hameau de la commune de Corbonod), désigné comme Silan sur la carte qui suit mais aussi parfois comme Sylans, le n° 6 au Molard près de Brénod, le n° 7 au Jalinard et le n° 8 (dit aussi Driant) autour de la Ferme Guichard. Le n° 11, indiqué sur la carte comme PC, est le Groupe de Direction situé à Artemare tandis que la Maison des chefs, qui en est distincte, semble se situer juste au-dessus de Don.
Raymond effectue d’abord la période obligatoire de huit mois. Selon sa reconstitution de carrière, cette période s’étend du 1er novembre 1941 au 30 juin 1942. Il semble cependant qu’il ait pu y arriver un peu plus tôt. Il s’engage ensuite sous contrat dans les Chantiers de la Jeunesse Française jusqu’au 31 mai 1944, date où il rejoint le maquis de l’Ain.
Les lieux où est passé Raymond pendant son activité aux Chantiers de la Jeunesse Française sont connus par la tradition familiale : il aurait été affecté à Silan au début de la période obligatoire et aurait ensuite été déplacé à Artemare, vraisemblablement avant la fin de la période obligatoire. Nous savons par ailleurs quelle place tenaient dans sa mémoire des lieux tels qu’Artemare, la Ferme Guichard ou le Crêt de Planachat, sans pour autant qu’il se soit beaucoup confié sur ce qu’étaient ses activités là-bas.
À la fin de l’année 1943, le groupement 43 est transféré dans le sud-ouest de la France. La chronologie qui suit suggère que ce transfert pourrait avoir eu lieu au plus tôt fin octobre 1943.
Entre 1941 et 1943, le groupement 43 édite un journal, Le Téméraire, une à deux fois par mois. Ce journal compte, selon les numéros, de douze à vingt pages en format sensiblement A4. Il est imprimé à Belley puis à Aix-les-Bains et distribué par voie postale.
Simone nous ayant indiqué que Raymond avait écrit dans Le Téméraire, nous avons pu consulter à la Biblitothèque François Mitterrrand (Bibliothèque nationale de France) tous les exemplaires disponibles de ce journal, depuis le n° 6 du 1er octobre 1941 jusqu’au n° 42 du 20 octobre 1943. La carte qui précède est extraite du n° 7 du journal : on y voit la localisation de tous les groupes et le Crêt de Planachat qui domine la Ferme Guichard.
La signature de Raymond Vanbrugghe apparaît une première fois dans le n° 8 du 15 novembre 1941 : l’auteur, modestement dissimulé derrière "L’avant-dernier R.V.", est reconnaissable à son style. Son écriture, du même niveau que celle, tout-à-fait remarquable, de certains chefs, tranche en effet immédiatement sur l’ensemble de la prose anonyme, un rien laborieuse, du reste du journal. Raymond s’est donc vu confier la tâche de présenter dans le journal, sous l’intitulé Au Groupe de Direction, les lieux dans lesquels il est récemment arrivé. La lecture de l’article laisse entendre que son incorporation pourrait dater de juillet 1941.
En fin d’année, un article, toujours signé de ses initiales, peut suggèrer qu’il a bien séjourné à Silan : il s’agit en effet d’un conte de Noël un peu mélancolique, Son Noël (n° 10 du 25 décembre 1941), qui se déroule dans l’environnement d’une école.
Six mois plus tard, l’article intitulé Le 43 fête son premier anniversaire (n° 19 du 15 juin 1942) simplement signé "Un témoin participant" relate un évènement qui s’est déroulé à la fin de la période obligatoire de Raymond.
Cette période terminée, Raymond apparaît sous son patronyme explicite dès le n° 21 du 1er août 1942. Il fait alors partie des Chefs d’atelier qui se rendent à Saint-Claude le 10 juillet 1942 et se trouve chargé, avec un camarade, du compte-rendu de ce séjour, intitulé Voyage au pays des pipes.
On ignore quelle est alors la mission exacte de ce chef d’atelier mais il est vraisemblable que ses talents d’écrivain ont déjà été reconnus puisqu’il publie régulièrement à partir des mois suivants.
Certains des textes précédents furent-ils jugés trop critiques, voire légèrement subversifs ? Décida-t-on de recadrer leur auteur en offrant un exutoire à sa créativité parfois débridée ? Toujours est-il que l’Assistant Vanbrugghe apparait en couverture du journal comme rédacteur à partir du n° 37 du 15 mai 1943 et jusqu’au n° 42 du 20 octobre 1943. Le nombre d’articles publiés sous sa signature devient alors très important et de nouveaux thèmes apparaissent. Ils témoignent indirectement de la mission attribuée au journal et donc à son nouveau rédacteur. Il s’agit à la fois :
Le logo est une photo d’un écusson en tissu du groupement 43, trouvée sur internet.