Le site de Madeleine et Pascal

L’inauguration du foyer

Le Téméraire n° 40, 20 août 1943
6 octobre 2019, par Madeleine, Pascal

Le compte-rendu souriant d’un moment important de la vie du Groupement, précédé, comme il se doit, d’un serment au pied du drapeau et d’une bénédiction.


Le 2 août se trouvaient rassemblés au Jalinard un bon nombre de chefs du Groupement, la Fanfare, des détachements du Groupe 10 et du Groupe 8. Le grand chef Leduc, suant, soufflant, donnant un ordre ici, un ordre là, présent partout, faisait les honneurs de son camp, propre et net comme toujours. Tout ce monde était réuni pour l’inauguration du foyer. Ce fut une grande journée et bien remplie. Les cérémonies commencèrent à dix heures par la montée des couleurs.

Le ciel est très bleu. Une légère brise, la brise du col, fait claquer le grand pavillon à la corne du mât : juste ce qu’il faut, le Bon Dieu est avec nous... Aussitôt après, les chefs d’équipe, un à un, à haute voix, prêtent serment au pied du drapeau. Puis tout le monde se rassemble en bon ordre sur la route. Le fanion du Groupement va être présenté aux Cadets. C’est un fanion neuf que M. l’Aumônier Chartier bénit devant les détachements rassemblés au garde-à-vous. Le chef Denis, en quelques mots que tout le monde écoute gravement, explique aux Cadets ce que les Anciens ont déjà fait pour le fanion et ce qu’on est en droit d’attendre des « verts ».

Après-midi se dispute une compétition de basket-ball. Entre les matches, la fanfare sonne les vieux airs du Groupement.

Enfin, voici l’heure de l’inauguration. Pas de cérémonie. On ouvre la porte et chacun est libre d’admirer à loisir. Et certes, il y a de quoi admirer. Tout le monde en prend de la graine. Ce qui frappe dès l’abord, c’est la logique qui a présidé à l’aménagement intérieur. On n’a qu’à ouvrir les yeux pour savoir exactement ce que c’est qu’un foyer de Groupe, pour voir à quoi ça sert. Le chef Leclerc n’a pas réalisé une construction genre exposition, appelée à se délabrer le lendemain de l’inauguration. Il a fait solide : une grande cheminée en vraies briques dans laquelle on peut faire du vrai feu sans fumée, de grandes tables massives, un bar en vrai zinc, un rideau de scène en vrai velours. Tout cela donne une impression de sérieux. Pas de rideaux de papier aux fenêtres : quand on aura de l’étoffe on en fera, en attendant, point de toc ! Pas de décorations inutiles non plus, pas de ces petites babioles qu’on met un peu dans tous les coins, au hasard, pour meubler, et qui ne signifient rien. Non. On sent qu’il y a eu un plan d’ensemble et qu’il a été suivi : un plan conçu clairement avec une vision exacte des objectifs à atteindre, un plan conçu un peu audacieusement. On a vu grand, solide, on a exigé une exécution parfaite : matériaux difficiles à trouver, heures de travail aussi ; on ne s’est pas résigné aux solutions de fortune et aux « ersatz » ! Voilà un foyer qui servira parce que c’est une œuvre intelligente dont les Jeunes sont fiers et où ils trouveront en même temps que le délassement le goût de l’ordre, de la propreté, le sens de la dignité et du beau travail.

[/R.V./]


Article mis à jour le 15 octobre 2019