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Louis Sonneville

Exposition au Musée du Château de Flers en 2006
17 mars 2018, par Pascal

Le service des archives municipales de Villeneuve d’Ascq a monté en 2006 une exposition en hommage à Louis Sonneville (1912-1997) au Musée du château de Flers. On reprend ici une partie des textes et illustrations présentés lors de cette exposition.

« Croire au génie de l’enfance »

Louis Sonneville, troisième d’une fratrie de quatre garçons, est né le 17 juillet 1912 à Bailleul (Nord). Après le décès de sa mère en 1918, il est élevé par sa grand-mère, dentellière à Bailleul. Louis parle flamand et n’apprend le français qu’à l’âge de quatre ans. Il fréquente le cours complémentaire de Bailleul, puis entre à l’école normale de garçons de Douai (promotion 1928-1931).

En 1935, il épouse Jeanne Devienne, institutrice elle aussi, née le 19 février 1911 à Bourghelles (Nord). Elle a été élevée avec ses sœurs par sa grand-mère maternelle, suite au décès de sa mère en 1918 et de son père en 1922. Elle est pensionnaire an lycée de Valenciennes, puis entre à l’école normale de jeunes filles de Douai (promotion 1927-1930).

Jeanne et Louis Sonneville débutent leur carrière à Saint-André avant d’être nommés à l’école de garçons d’Annappes en 1935. Louis est directeur de l’école André-Peugeot. En 1938, il inaugure le nouveau groupe scolaire de la rue de Lille.


Louis Sonneville avec des lauréats du CEP

Louis Sonneville enseigne en associant les méthodes traditionnelles et la pédagogie prônée par Célestin Freinet. Il introduit la correspondance scolaire, l’imprimerie à l’école, les visites d’entreprises, crée une chorale... Sa mission est entièrement tournée vers les enfants dont il s’attache à révéler les talents et les capacités. Remarqués par les inspecteurs, ses travaux lui valent de recevoir de nomtreux élèves des écoles normales.

Pendant la seconde guerre mondiale, Louis et Jeanne organisent avec leurs élèves des spectacles au profit des prisonniers. Toujours dévoués, ils prennent en 1948-1949 la direction d’une maison d’enfants orphelins de guerre en Suisse.

Le groupe scolaire de la rue de Lille à Annappes (école Louise-de-Bettignies) : la réalisation

Le conseil municipal approuve le projet définitif le 13 octobre 1936. L’adjudication des travaux a lieu le 30 décembre. Le 31 mars 1937, Edouard Mas, maire d’Annappes, pose la première pierre de l’édifice. Les travaux sont achevés en mars 1938 et les classes ouvertes en avril. Les maisons des instituteurs sont occupées dès janvier 1938.

En mai 1944, la maison de Louis Sonneville subit des dégâts suite à un bombardement. On peut encore en voir la trace aujourd’hui.

Le 11 juillet 1939, le conseil municipal nomme les écoles du groupe : l’école de garçons conserve le nom d’André-Peugeot ; l’école de filles prend le nom de Louise-de-Bettignies. C’est en 1971 que le conseil municipal de Villeneuve-d’Ascq attribue le nom de Louise-de-Bettignies au groupe scolaire de la rue de lille.


Le groupe scolaire Louise-de-Béttignies reu de Lille

En 1947, 1e groupe scolaire compte trois classes à l’école de garçons et trois à l’école de filles. L’école de garçons est dirigée par Louis Sonneville, assisté de deux institutrices, Jeanne Sonneville el Gilberte Dereusme. Mme Declercq est à la tête de l’école de filles, Paule Jaspart el Madeleine Defremont sont les deux autres institutrices.

Les petits chanteurs d’Annappes et les joyeux pipeaux

Pour Louis Sonneville, le chant revêt plus d’importance que le dessin : il favorise la mémoire et l’esprit de groupe. En 1937, l’instituteur crée une chorale qui répète en moyenne vingt minutes par jour après 11h30.

Gilberte Dereusme-Payen, institutrice de l’école de garçons, la dirige à l’aide du guide de chant Kasriel. Un harmonium acheté par la commune accompagne les chanteurs à partir de 1941.

Les enfants de la chorale jouent également du pipeau. Sous la direction de Louis Sonneville, puis de Mlle Dubois, l’apprentissage se fait à l’oreille. Le plaisir de jouer compte avant tout.

Lors des concerts, les jeunes choristes sont vêtus de blanc : chemise brodée d’un écusson de la commune, short et chaussettes assortis.


Louis Sonneville avec troiss lauréats du CEP

La chorale prépare la fête de fin d’année longtemps à l’avance et est présente lors de la remise du certificat d’études primaires.

La chorale participe avec assiduité aux concours organisés par l’Union des fédérations françaises des œuvres laïques pour l’éducation artistique (UFOLEA). Au cours d’une soirée a la Maison du commerce à Lille, le 7 juin 1952, elle remporte un grand prix national.

Le 22 juin 1952 est un jour de gloire pour les choristes. La chorale est invitée à un festival de chorales au Théâtre national populaire de Chaillot à Paris. Les élèves d’Annappes chantent devant Vincent Auriol, président de la République.

Les éclaireurs de France

Louis Sonneville est aussi chef de patrouille chez les Éclaireurs de France, mouvement laïque du scoutisme français. L’insigne de promesse des Éclaireurs de France représente l’arc tendu, correspondant à la devise "Tout droit".

Une patrouille est une équipe indissociable de 7 à 8 personnes qui pratique le jeu et la vie dans la nature. Cette méthode incite le jeune à prendre en charge sa propre éducation dans un cadre approprié à ses besoins et à ses forces. Elle se considère, aux côtés de l’école, comme complémentaire de la famille.

Cette œuvre bénévole s’appuie sur le culte de la nature et la vie au grand air.

Des tentes, des remorques, du matériel de cuisine... font partie de l’équipement indispensable. Il représente un coût. Le mouvement perçoit une subvention exceptionnelle en 1945 de la commune d’Annappes.

En 1945 le groupe organise trois camps et plus de vingt sorties dominicales dans diverses localités : Bourghelles, Bachy, Bouvines, Bailleul, Armbouts-Cappel, Givet, Loos, Avelin, Wannehain, Lai four (Ardennes), Hem.

Enfin les vacances !

Un arrêté du 17 juillet 1922, réglemente les vacances des écoles primaires et élémentaires : la durée des vacances des écoles primaires et élémentaires, fixée à six semaines depuis 1905, passe à deux mois en 1922, puis à deux mois et demi en 1938. À Annappes en 1922, six jours de congés mobiles sont répartis sur l’année : un jour pour la ducasse, quatre jours pour le Jour de l’An, un jour pour le carnaval.

Louis Sonneville encadre les enfants durant les vacances d’été. Il organise des colonies de vacances avec l’aide de l’Amicale laïque.

Il s’occupe également des camps et des patronages de la commune lors des grandes vacances.

En 1946, Louis Sonneville demande au comte Geoffroy de Montalembert l’autorisation d’installer un camp de vacances dans le parc de son château d’Annappes (quartier Brigode aujourd’hui). Une colonie de vacances, subventionnée par le secrétariat à la Jeunesse et aux Sports, est organisée à Mecquignies (Nord) pour quinze jeunes âgés de 16 ans. En 1947, Louis Sonneville emmène les enfants à l’aérium de Pauvres dans les Ardennes et un an plus tard au préventorium de Liesses dans l’Aisne...

Retour au Mont-Noir

Louis et Jeanne Sonneville quittent Annappes en 1954 pour l’école Albert-Samain de Lambersart. Ils y enseignent jusqu’en 1969, date de leur retraite. Ils s’installent alors à Saint-Jans-Cappel sur les pentes du Mont-Noir.

En 1977, Louis Sonneville, lecteur épris des textes de Marguerite Yourcenar, envoie à l’écrivain des bulbes de jacinthe du Mont-Noir d’où est originaire sa famille. Ainsi débute une correspondance qui va durer jusqu’en 1977(?). Elle aboutit en 1985 à la création d’un musée Marguerite-Yourcenar à Saint-Jans-Cappei.

Denis Potier, élève de Louis Sonneville à Annappes, ancien conseiller municipal de Villeneuve-d’Ascq, réunit ses condisciples en 1983 pour fêter Louis et Jeanne Sonneville. Il leur offre un concert en reconstituant la chorale qui a chanté à Paris en 1952 devant le Président de la République, Vincent Auriol.

En 1993, Louis Sonneville publie l’album « Croire au génie de l’enfance », d’après une phrase de Marguerite Yourcenar dans « Les yeux ouverts » : « Notre époque ignore et nie trop le génie de l’enfance ». Il expose dans cet ouvrage sa vision de l’enseignement et son émerveillement pour les possibilités étonnantes des enfants.

Louis et Jeanne Sonneville fêtent leurs noces d’or en 1985, puis leurs noces de diamant en 1995.

Jeanne décède le 7 octobre 1996 à Vieux-Berquin et Louis s’éteint le 31 juillet 1997 à Armentières.

En 1998, la commune de Villeneuve-d’Ascq met à l’honneur les deux enseignants en dévoilant une plaque commémorative à leur mémoire dans le hall de l’école Louise-de-Bettignies.