Située sur la Somme, la capitale du comté de Vermandois, siège d’un ancien pélerinage aux reliques de saint Quentin, fut ravagée par la Première Guerre mondiale.
À l’issue de la Reconstruction, le patrimoine de la ville conserve une collégiale gothique devenue basilique, un Hôtel de Ville de style gothique flamboyant et divers édifices, maisons et monuments à l’architecture Art déco.
Construit entre 1331 et 1509, l’Hôtel de Ville est un beau témoignage de l’architecture gothique flamboyante du bas Moyen âge. L’édifice a été très largement restauré après la Première Guerre mondiale,
Sur la place, des constructions de styles variés font face à l’Hôtel de Ville : parmi elles, le théâtre municipal, édifié au milieu du XIXe siècle, dans le style néo-classique.
À sa gauche, sur la photo qui précède, un hôtel dans le style éclectique de la fin du XIXe siècle. De part et d’autre, des façades au style plus régional.
La ville est le lieu du martyre de Quentin, l’apôtre de la Picardie qui, au IIIe siècle, refusa d’abjurer sa foi. Ses restes furent déposés dans un oratoire bientôt suivi d’une église carolingienne.
Au XIIIe siècle, une collégiale liée à un chapitre de chanoines vint remplacer l’église antérieure, sur le lieu d’un important pélerinage aux reliques de Quentin. La construction commencée en même temps que celles des cathédrales de Paris et de Soissons, dura trois siècles.
L’œuvre resta cependant inachevée : la grande façade qu’auraient exigée les proportions imposantes de l’édifice ne fut jamais construite et c’est une tour carrée massive, de la fin du XIIe siècle, qui en tient lieu. Elle fut complétée ultérieurement par un portail classique.
Cas unique en France, deux transepts confèrent à l’édifice un plan très particulier, en croix à double branche : un grand transept marque l’entrée du chœur tandis qu’un transept plus petit souligne l’entrée dans le déambulatoire.
La collégiale fut érigée en basilique [1] au XIXe siècle.
On voit sur la photo précédente que le chœur est longé par une allée sous des voûtes beaucoup plus basses que celles de la nef et on repère à l’arrière-plan les bras sud des deux transepts.
Des vitraux du XIIIe siècle et de la Renaissance ont été épargnés.
À l’issue de la Première Guerre mondiale, Saint-Quentin, occupée d’août 1914 à septembre 1918, est détruite à plus de 70%.
Durant les années 1920, la cité se reconstruit. À côté des restaurations et reconstructions à l’identique et de réalisations néo-classiques, néo-gothiques ou régionalistes, émerge à partir de 1923-1924 le style Art déco. Les architectes travaillent pour des demeures de clients aisés, des commerces, des grands magasins et des édifices publics.
La large rue commerçante qui descend de la basilique vers la Somme est bordée d’anciens grands magasins aux belles façades.
La photo qui précède renvoie aux guerres d’Italie et donc aussi à l’histoire des États de Savoie. En effet, lors de la bataille de Saint-Quentin, Philippe II est allié à l’Empereur du Saint-Empire. Les troupes impériales sont commandées par Emmanuel-Philibert de Savoie, alors à la reconquête des territoires de la maison de Savoie annexés par François Ier une vingtaine d’années auparavant. Le traité de Cateau-Cambrésis (1559) clôt définitivement les guerres d’Italie et le duc Emmanuel-Philibert retrouve la plus grande partie de ses territoires.
La bataille de Saint-Quentin qu’Emmanuel-Philibert gagna avec son cousin Philippe II eut lieu le jour de la saint Laurent et tous deux avaient juré, en cas de victoire, de dédier une église au saint du jour. Pour Philippe II, ce fut San Lorenzo de l’Escurial et, pour Emmanuel-Philibert, ce fut l’église royale de San Lorenzo à Turin mais elle ne fut effectivement construite qu’après sa mort.
L’édifice actuel, construit en 1928, est la troisième gare de Saint-Quentin.
L’intérieur est dans le style Art déco.
Le buffet de la gare, célèbre par ses décors du maître verrier et mosaïste Auguste Labouret, est malheureusement fermé et nous ne pouvons le découvrir qu’à travers un vitrage.
La ville est séparée de la gare par un grand pont sur la Somme, lui aussi de style Art déco.
[1] Une basilique est une église remarquable, par exemple consacrée à un saint particulièrement vénéré. Le titre de basilique donne préséance sur les autres églises du diocèse à l’exception de la cathédrale.