Le site de Deir el-Bahari est celui d’un vaste amphithéâtre au pied de la montagne thébaine, face à Louxor.
L’endroit servit de nécropole dès le Moyen Empire : les Montouhotep, souverains de la XIe dynastie, y avaient édifié leurs propres temples funéraires, dès les XXIe et XXe siècles.
Mais c’est surtout le temple funéraire d’Hatchepsout, fille de Thoutmôsis Ier que l’on retient. Elle fut grande épouse royale de Thoutmôsis II, fils du précédent et d’une épouse secondaire, lequel ne régna que treize ans et elle exerça ensuite la régence auprès de son neveu, le très jeune Thoutmôsis III, fils de Thoutmôsis II et d’une épouse secondaire.
C’est durant cette régence qu’elle se fit couronner pharaon de la XVIIIe dynastie. Elle confia vers 1455 av. J.-C. la construction de son temple funéraire à l’architecte Sénènmout. Celui-ci édifia en une quinzaine d’années un temple qui devait rester unique dans l’architecture égyptienne. La reine souffrit par la suite d’une damnatio memoriae, peut-être dès la fin du règne de Thoutmôsis III ou un peu plus tard. Il s’ensuit que nombre de représentations et de cartouches qui la concernent ont été martelés.
Le temple des millions d’années d’Hatchepsout se distingue des temples classiques constitués de pylônes et de cours par le fait que les pylônes y sont remplacés par des portiques et que les cours sont de simples terrasses étagées reliées par des rampes. On conçoit que les premiers visiteurs grecs de l’Égypte antique aient pu trouver ici l’inspiration qui les conduisit à développer leurs premiers portiques.
À partir de l’époque chrétienne, le temple fut protégé des dégradations et destructions par l’installation d’un couvent copte dans son enceinte. Ce couvent est à l’origine du nom arabe du site : Deir signifie en effet "monastère".
La photo suivante est une vue rapprochée qui situe, en rouge, quelques-unes des parties de l’édifice. On y a également signalé, en bleu, les ruines du temple de Montouhotep II.
Le portique du niveau inférieur est constitué dans sa partie sud (c’est-à-dire à gauche de la rampe) par une galerie dont les peintures évoquent une expédition à Assouan. Celle-ci avait pour objectif de rapporter, grâce à une flottille de vaisseaux, deux obélisques monolithes de granite taillés aux carrières d’Assouan qui étaient destinés au temple de Karnak.
Le décor en trois registres qu’on voit ci-dessous montre en particulier deux niveaux de barques.
Après avoir gravi la première rampe on aboutit à une terrasse au fond de laquelle se trouve le portique intermédiaire, lui-même surmonté du portique supérieur. Sur la photo ci-dessous, on aperçoit à droite, quelques-unes des colonnes de la chapelle d’Anubis. En revanche, la chapelle d’Hathor n’est pas visible.
Le portique de l’expédition au pays de Pount
Ce portique à double colonnade est orné de peintures qui représentent une expédition qui eut lieu sous le règne d’Hatchepsout ; en direction d’un pays de cocagne, peut-être situé dans l’actuelle Somalie. Il s’agissait de s’y procurer des végétaux et diverses richesses parmi lesquelles de l’or, de l’ivoire, du bois d’ébène, des peaux de panthère, des animaux, des parfums et des huiles, mais surtout de l’encens, qui était abondamment utilisé dans les cérémonies du culte.
La chapelle d’Hathor
La chapelle d’Hathor se trouve à l’extrémité sud de ce portique. Sa façade, dont on ne voit ci-dessous qu’une partie, montre le lien sacré qui unit la reine à la déesse.
La chapelle d’Anubis
À l’opposé de la chapelle d’Hathor, l’extrémité nord de la terrasse est occupée par une chapelle dédiée à Anubis. La partie principale en est une salle hypostyle ornée de peintures aux couleurs très bien conservées.
Le troisième portique est gardé par des statues osiriaques de la reine.
On arrive sur une vaste terrasse au fond de laquelle se trouve le sanctuaire d’Amon-Rê.
La salle est un reposoir de la barque d’Amon-Rê qui transportait, depuis Karnak, lors de la grande fête de la vallée, un naos renfermant une statue de la divinité venue visiter les temples de millions d’années de la rive gauche.
En l’an 2000, lors de notre première visite, le billet d’accès au site avait un intitulé un peu étonnant...