Le temple de Dendérah, situé à 65 kilomètres au nord de Louxor, est dédié à Hathor, déesse de l’amour, de la joie et de la musique, tout particulièrement vénérée en ce lieu. Elle est la parèdre du dieu Horus à tête de faucon, vénéré à Edfou.
Hathor est représentée selon les cas sous l’aspect d’une vache ou d’une femme dont la tête est couronnée de cornes en forme de lyre entourant le disque solaire.
Édifié à partir de l’an 54 av. J.C. donc à la fin de la période ptolémaïque (305-30 av. J.-C.), le temple actuel résulte de la reconstruction d’un temple antérieur datant de l’Ancien Empire.
L’architecture des temples ptolémaïques présente des particularités par rapport à celle des grands temples classiques du Nouvel Empire :
La décoration du temple et de ses annexes est un peu postérieure à sa construction : elle date de la période romaine : les noms des empereurs Caligula (r. 12-41), Claude (r. 41-54), Néron (r. 54-68), Domitien (r. 81-96) et Trajan (r. 98-117) sont identifiés dans les inscriptions. Le décor du temple se signale par l’excellente conservation de la polychromie et un exceptionnel décor de voûte céleste dans le pronaos.
Au-delà de la longue esplanade d’accès au temple, la photo ci-dessus montre les vestiges d’une muraille de briques crues qui délimitait l’enceinte sacrée, approximativement constituée d’un carré de 300 mètres de côté. L’entrée du périmètre sacré est marquée par une porte monumentale dite porte d’Hathor ou encore de Domitien.
La porte précédente donne directement dans la cour : le temple proprement dit est donc dépourvu de pylône d’entrée. La façade du temple compte six colonnes entre lesquelles apparaît une porte sans linteau, des murs d’entrecolonnement ou murs-bahuts et deux piliers de soutien aux extrémités, les antes.
La salle hypostyle qui donne sur l’esplanade est profonde de 25 mètres et large de 42 mètres. Haute de dix-huit mètres, elle est soutenue par vingt-quatre colonnes (six en façade et dix-huit à l’intérieur) qui s’ornent d’un chapiteau cubique décoré sur chaque face d’une tête de la déesse et surmonté d’une abaque également cubique. Les entablements qui relient les colonnes définissent sept travées : une travée centrale et trois travées latérales de chaque côté.
La travée centrale est décorée d’une série de vauours aux ailées déployées et de disques solaires ailés tandis que les autres travées sont ornées d’un décor de voûte céleste évoquant les phases de la Lune, la course du Soleil, les signes du zodiaque et le calendrier.
Sur les murs du pronaos sont représentées diverses scènes, en registres superposés : les trois registres supérieurs montrent le roi officiant devant une divinité, souvent Hathor, son époux Horus d’Edfou ou leur fils Harsomtous.
La vue ci-contre représente les trois registres supérieurs d’une partie du mur est.
Tout au fond du temple se situe le sanctuaire ou naos qui contenait une statue d’Hathor. Un seul homme peut entrer en contact avec la divinité, c’est le roi. Comme il ne peut pas se trouver simultanément dans tous les temples du pays, il est remplacé pour le culte journalier par le grand prêtre, seul habilité à pénétrer dans la salle sainte. Le rituel d’accès à l’effigie de la divinité est représenté sur les murs.
Sur les murs du sanctuaire, les quatre dieux principaux du temple, à savoir Hathor, Isis, Horus et Harsomtous sont évoqués par les représentations de leurs barques. Celles-ci, qui transportent chacune un petit naos à l’intérieur duquel se trouvait la statue du dieu correspondant, étaient traînées en procession lors des fêtes.
Cette chapelle qui a conservé une partie de sa polychromie porte le nom d’une divinité plus ou moins assimilée à Ptah et à Osiris. La première photo ci-dessous montre que la chapelle est liée au mythe de la régénération d’Osiris.
À la périphérie du temple se trouvent diverses autres chapelles, et, au fond du temple, des salles plus ou moins souterraines ou cryptes, dédiées au rangement des objets de culte.
Une salle très étroite, dédiée au dieu Harsomtous, est gravée d’une scène étonnante ci-dessous) qui symboliserait la création du monde : deux serpents se trouvenr enfemés chacun dans une sorte de sac amniotique. L’un d’eux est soutenu par le dieu Heh agenouillé et l’autre par un pilier Djed muni de bras. Tous deux participeraient ainsi à la création du monde.
Dans cette même salle on peut voir aussi (ci-dessous) une représentation de la naissance d’Harsomtous-serpent.
Une autre salle montre la représentation monumentale d’un collier portant une série de sistres à l’effigie d’Hathor et muni d’un contrepoids qui apparaît à gauche sur la photo ci-dessous. Il s’agit vraisemblablement du collier ménat, un grand collier de perles à contrepoids, symbole de fécondité associé à Hathor, qui pouvait être utilisé musicalement comme crécelle.
Enfin, une longue chambre souterraine parallèle à l’axe du temple servait à stocker les objets sacrés hors d’usage. Sur la photo suivante, prise dans cette salle, on voit six colonnes à chapiteaux à l’effigie d’Hathor.
Des escaliers permettent l’accès à la terrasse du temple où se trouvent plusieurs chapelles et un kiosque à ciel ouvert.
Lors de la fête du Nouvel an, la statue d’Hathor était montée en procession sur la terrasse pour être régénérée par les rayons du Soleil.
Les scènes qui décorent l’escalier représentent cette procession. On devine, ci contre, des porteurs d’emblèmes.
Outre le kiosque précédent, plusieurs chapelles dédiées à Osiris se trouvent sur le toit. Le plafond de l’une d’elles est orné du fameux zodiaque de Denderah dont l’original fut transporté en France en 1821, après avoir été acheté par le roi Louis XVIII au pacha Mohamed Ali.
Parmi les édifices qu’on trouve aujourd’hui dans l’enceinte sacrée figurent deux mammisi et une basilique copte.
La photo précédente, prise à l’intérieur de l’enceinte sacrée, montre, à gauche et de l’avant-plan vers l’arrière-plan, les restes d’un mammisi dû à Nectanebo et l’un des murs d’une basilique copte édifiée au Ve siècle. Au-delà, mais toujours à l’intérieur de l’enceinte, se trouve un mammisi d’époque romaine, non visible sur la photo.
Le mammisi de Nectanebo, roi de la XXXe dynastie (vers 380-362 av. J.-C.) est le seul vestige, sur le site, des constructions antérieures au temple actuel de Denderah.
Le mammisi romain fut édifié par Trajan mais est resté inachevé.
La basilique copte conserve quelques belles niches ornées.
À l’écart du temple, on découvre les vestiges de la ville environnante.