Le musée de la Forêt des stèles de Xi’an est installé dans un temple dédié à Confucius dont l’origine remonte au XIe siècle.
Le musée tire son nom du fait qu’il abrite un ensemble de 3 000 stèles épigraphiées, constitué à partir de cette époque. C’est la plus grande collection de ce type en Chine.
Les stèles chinoises trouvent leur origine dans la nécessité de faire connaître, à travers un vaste empire, des textes d’importance impériale en les diffusant sur papier après estampage de la stèle : l’invention et l’usage du papier en Chine sont en effet très anciens (sous les Han).
La réalisation des stèles, toujours monumentales, a accompagné le développement des styles d’écriture et de la calligraphie.
La plupart des constructions du temple datent des époques Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911).
Indépendamment des stèles, le musée possède deux trésors : un cheval de pierre sculpté et une cloche d’époque Tang.
Sous un kiosque, on découvre la stèle du Classique de la Piété filiale. Ce texte est l’un des classiques chinois, c’est-à-dire un des ouvrages dont le contenu est considéré comme permanent et orthodoxe du point de vue confucéen.
Le texte, attribué à un disciple de Confucius (551-479) du nom de Zeng Shen, se présente sous la forme d’une conversation entre Zeng Shen et Confucius. Il énonce sous forme de dialogues les devoirs entre le prince et le ministre, le pouvoir et le peuple, les parents et les enfants. Chaque situation est renvoyée au rapport entre père et fils et se résume dans l’expression confucéenne de Piété filiale.
La dynastie Han (206 B.C. - 220 A.D.) érigea le confucianisme en religion d’état et l’empereur Wang Mang fit du Classique de la Piété filiale l’ouvrage de base pour la formation des fonctionnaires.
La stèle a été gravée sur ordre de l’empereur Tang Xuanzong (685-762). Elle fut apportée en ce lieu au XIe siècle, sous la dynastie des Song.
Le Classique des rites désigne un ou plusieurs ouvrages attribués aux sages de l’époque Zhou. Compilés et commentés par Confucius ou ses disciples immédiats, ils traitent des rites qui encadrant l’organisation sociale, administrative et politique de cette dynastie.
Sous les Han occidentaux (206 B.C. - 6 A.D.), ces textes ayant en grande partie disparu, trois ouvrages furent reconstitués d’après des fragments, des souvenirs (récitations) et des rédactions apocryphes.
Le Classique des rites est gravé sur un ensemble de quatre stèles et présente de ce fait une certaine diversité de styles calligraphiques.
La stèle nestorienne date de l’époque Tang. Érigée le 7 janvier 781, elle relate les cent cinquante premières années de l’histoire du christianisme en Chine. Dès le VIIIe siècle, la mission de l’Église de l’Orient, dite nestorienne, fut reconnue par l’empereur Tang Taizong. Le prêtre le plus célèbre de cette religion, Alopen, parlait syriaque, venait probablement de Perse et fut en 635 autorisé par l’empereur à résider dans sa capitale Chang’an (aujourd’hui Xi’an) ; la stèle relate qu’il y fit construire une église en 638.
La stèle nestorienne fait partie des trésors nationaux de la Chine qui ne peuvent quitter le pays. La plupart des autres stèles de cette salle datent de la dynastie Tang.
La stèle ci-contre, gravée sous la dynastie Qing (1644-1911), représente Bodhidharma en route vers l’est.
Bodhidarma est un moine originaire d’Asie centrale ou d’Inde du sud, arrivé en Chine à la fin du Ve ou au début du VIe siècle à l’issue d’un voyage par voie maritime.
Il est le fondateur, en Chine, de la tradition du bouddhisme Chan, un courant du bouddhisme mahayana qui deviendra au Japon le bouddhisme Zen.
L’essentiel de son activité se déroula dans le royaume des Wei du nord.
Dans tout l’art bouddhique, Bodhidharma est dépeint sous les traits d’un non-Chinois au mauvais caractère, barbu un peu hirsute, aux grands yeux surmontés de sourcils broussailleux et à l’air sombre. Il est surnommé "Le grand voyageur" et "Le barbare aux yeux clairs".
L’estampage est une technique de reproduction et c’est l’une des raisons d’être de la stèle. Les stèles portant les calligraphies des classiques chinois étaient en effet dès l’origine conçues pour l’estampage sur papier qui permettait la transmission et la diffusion du texte dans l’empire sous la forme d’une calligraphie artistique.
Dans cette technique, une feuille de papier est appliquée sur la stèle afin d’épouser la gravure dans ses moindres détails. On tamponne ensuite la surface redevenue sèche avec de l’encre : les parties qui ont épousé les creux de la gravure apparaissent alors en blanc sur fond noir.