Polonnaruwa fut à partir de la fin du VIIIe siècle une résidence des rois de Ceylan. Les Chola, envahisseurs venus d’Inde du sud, en firent leur capitale. Mais le roi Vijayabahu Ier (r. 1055-1110) les en chassa en 1070 et la ville prit alors son essor comme capitale du royaume de Polonnaruwa.
Plus tard, Parakramabahu Ier (r. 1153-1186) commanda la construction de nombreux monastères et temples ainsi que la réalisation d’un immense réservoir constitué de trois lacs reliés par des canaux, la Parakrama Samudra.
La cité eut un troisième grand roi Nissankamalla (r. 1187-1196) mais le royaume tomba ensuite dans le chaos, en particulier en raison des invasions.
Polonnaruwa fut abandonnée à la jungle en 1293 puis redécouverte par les Anglais et fouillée au XXe siècle.
Le site est très vaste et nous en verrons quatre secteurs. Du sud vers le nord :
Cet ensemble se trouve édifié sur une plateforme, la terrasse de la relique de la Dent. Son nom signale que le site abrita la relique de la Dent de Bouddha, aujourd’hui conservée dans le temple de la Dent à Kandy.
Les différents monuments repérés par des numéros sur le plan sont :
Vatadage, une Maison des reliques de plan circulaire
Construite par le roi Parakramabahu à la fin du XIIe siècle, cette Maison des reliques (dage) est le plus vaste édifice du site : un dagoba de briques entouré de quatre bouddhas assis occupe sa partie centrale.
Hatadage, une Maison des reliques construite en soixante heures
Le nom de cette Maison des reliques (dage) indique qu’elle aurait été construite en soixante (hata) heures. Une inscription précise qu’elle fut édifiée par le roi Nissankamalla pour abriter la relique de la Dent.
Le temple est entouré d’un mur d’enceinte. À l’intérieur, un vestibule précède le sanctuaire qui renferme trois bouddhas debout. Il ne subsiste que le niveau inférieur de ce temple qui en avait deux, la relique se trouvant à l’étage.
La photo ci-dessus montre au premier plan un fragment du mur d’enceinte, suivi de la terrasse dallée sur laquelle est édifié le temple. On y voit aussi l’élargissement du plan de l’édifice lorsqu’on passe du vestibule au sanctuaire qui se trouve au fond.
Gal pota, le Livre de pierre
Le Livre de pierre est une dalle de granite de plus de huit mètres de long et d’environ vingt-cinq tonnes. Elle porte une inscription, la plus longue dans le pays, vantant les mérites du roi Nissankamalla. L’inscription précise que le bloc aurait été apporté de Mihintale qui se trouve à plusieurs dizaines de kilomètres.
Satmahal prasada
Avec son architecture à degrés à sept étages, le Satmahal prasada ressemble à un temple khmer.
Atadage, la plus ancienne Maison des reliques du site
Cet édifice est le plus ancien du Quadrilatère sacré. Construit par Vijayabahu et tout proche de l’Hatadage, c’est également une Maison des reliques : un peu plus petit que l’Hatadage, il est doté du même plan et abrita la relique de la Dent avant que celle-ci soit transportée dans l’Hatadage voisin.
La photo ci-dessus montre, à l’extrême-gauche, deux personnes en train d’effectuer un estampage sur une stèle inscrite voisine de l’Atadage. À l’extrême-droite, on devine le mur de l’Hatadage tout proche. Au fond de l’Atadage, on aperçoit un bouddha debout.
Nissankalata mandapa
C’est dans cette construction, unique dans la cité de Polonnaruwa, que le roi Nissankalata venait écouter les chants sacrés.
La photo ci-dessus est prise depuis le Vatadage. On voit au premier plan un petit temple qui fait face à l’Atadage et au fond duquel se trouve un bouddha debout. Le Nissankalata mandapa est au second plan et on voit bien ses piliers intérieurs, organisés en deux rangées de quatre colonnes.
Le Nissankalata mandapa est entouré d’un mur bas de granite rythmé par de petites colonnes dont la partie supérieure est sculptée en bouton de lotus. Les piliers intérieurs supportaient vraisemblablement une toiture .
Thuparama, un gedige
Ce monument dont le nom ancien et le constructeur sont inconnus est le seul du site de Polonnaruwa à avoir conservé une toiture. Celle-ci était exclusivement en briques.
Ce type d’édifices totalement dépourvus de bois est désigné du nom de gedige.
Pour rejoindre l’ensemble monastique du Rankot Vihara, nous traversons pendant deux kilomètres divers quartiers de la ville où des bases de constructions sont bien visibles. La végétation environnante laisse imaginer sous quelle jungle les ruines de la ville étaient enfouies au moment de leur redécouverte.
Le grand dagoba du Rankot Vihara, le plus grand de Polonnaruwa, fut édifié à la fin du XIIe siècle par le roi Nissankamalla. Il est haut de soixante mètres.
Un texte ancien raconte que le roi Parakramabahu Ier fit creuser près d’un grand dagoba des "grottes" dans une falaise de granite pour y installer des images du Bouddha. Il s’agit de l’un parmi la centaine de sanctuaires créés par le souverain dans l’île de Lanka mais il abrite des statues considérées comme des chefs d’œuvre de la sculpture bouddhique.
La photo ci-dessus montre des vestiges de constructions de briques appuyées sur la paroi d’une falaise qui a été sculptée. Au fond, quatre édifices regroupent, de gauche à droite :
Ce bassin, Nelum Pokuna, dans lequel les moines effectuaient leurs ablutions a la forme d’une fleur de lotus épanouie, ses cinq niveaux possédant chacun huit pétales.