À Torre Annunziata, une villa attribuée à Poppée
La ville actuelle de Torre Annunziata est connue sous le nom d’Oplontis sur la table de Peutinger. Le site fut enseveli comme Pompéi, Herculanum et Stabies sous l’éruption du Vésuve de 79.
Les premières fouilles datent du XVIIIe siècle mais la villa d’Oplontis ne fut complètement dégagée qu’à la fin du XXe siècle. Les fouilles l’ont fait émerger d’une couche d’environ six mètres d’épaisseur dont la majeure partie était constituée par les cendres volcaniques, les lapili et la coulée de lave issus de l’éruption.
Cette région de la Campanie était devenue, dès la fin de l’époque républicaine, une sorte de faubourg de Pompéi occupé par des villas de l’aristocratie romaine. En raison de sa richesse, la villa d’Oplontis est supposée avoir été celle de Poppée (30-65), la seconde épouse de Néron. La villa était inhabitée au moment de l’éruption du Vésuve et vraisemblablement en travaux à ce moment-là.
Les dimensions de la villa, 130 mètres sur 110, en font l’ensemble architectural le plus vaste de Campanie après la villa des Papyrus à Herculanum. La villa comporte plusieurs parties :
Cette partie est celle par laquelle on pénètre aujourd’hui sur le site, mais l’entrée se trouvait en réalité à l’opposé c’est-à-dire face à la mer.
Au nord se trouvait un vaste jardin de réception sur lequel donnait un grand salon fermé par un portique à quatre colonnes. La façade nord était bordée, de part et d’autre de ce salon, par deux galeries sous colonnes, l’une vers l’ouest et l’autre vers l’est.
Le décor peint sous ces portiques est constitué de panneaux blancs sur fond rouge. À la base court un soubassement peint d’un coloris sombre.
Cet ensemble est plus récent que les pièces d’habitation qui sont ornées en IIe style pompéeien. En réaction contre le trompe-l’œil du IIe style, le décor de ces portiques relève du IIIe style dans lequel les éléments architecturaux sont très fins et purement décoratifs.
Le mur moderne qu’on voit au fond sur la photo ci-dessus occupe l’emplacement de la façade de la maison, qui était tournée vers la mer. Le long de ce mur on devine un corridor qui longeait la façade et desservait les diverses pièces.
Le décor pictural de l’atrium est caractéristique du deuxième style de la peinture pompéienne avec des perspectives architecturales en trompe-l’œil.
Une cour intérieure séparait l’atrium du grand salon de réception. La photo ci-dessus, prise dans cette cour, montre la fenêtre donnant sur le grand salon, au fond duquel on devine la colonnade tétrastyle qui le ferme au nord et, plus loin encore, le vaste jardin nord.
Cette pièce est la salle à manger : le long de ses murs étaient installés les lits sur lesquels les convives étaient allongés pour se restaurer, autour d’une petite table centrale.
La décoration murale appartient encore au IIe style : dans le bas, un podium sur lequel se dressent des colonnes en marbre. Au centre de chacun des murs latéraux, une porte monumentale. Sur la paroi centrale, au-delà d’un portail, on aperçoit un jardin et une colonne qui supporte une statue.
La décoration picturale de ce salon relève du IIe style. Elle représente un sanctuaire d’Apollon, symbolisé par un trépied delphique placé entre des arbres et des buissons. L’ensemble se trouve derrière une porte surmontée d’une architrave et munie d’une grille.
Cette porte monumentale s’ouvre entre deux très hautes colonnes dressées sur un podium. De part et d’autre de la porte, des colonnades à deux étages sont représentées en perspective.
Ce salon ouvrait au sud vers la mer au travers d’une fenêtre dont les volets ont été protégés par la coulée de lave : il s’agit d’un très rare témoignage de la menuiserie romaine.
Ce salon donne sur le portique sud de la villa.
On y retrouve la structure générale de la décoration en architecture illusionniste caractéristique du IIe style avec, en bas, un podium sur lequel reposent des colonnes surmontés d’une architrave. Entre ces colonnes un décor en arrière-plan inclut des colonnades en perspective.
Cette pièce faisait partie de l’installation thermale privée du propriétaire : c’était la pièce chaude. Elle est décorée dans le IIIe style pompéien. Entre des éléments architecturaux très légers, des pans de paysage, des figures humaines ou encore des tableaux reproduisent souvent des originaux de la tradition grecque.
Le portique sud est très particulier :
Le décor de ce portique est du IIIe style.
À l’extrémité orientale du portique s’ouvre une chambre ou cubiculum à deux alcôves qui donne à la fois sur ce portique et sur l’aile occidentale du grand péristyle.
Un jardin plus petit que le grand jardin de réception situé au nord avait été créé sur le côté sud, face à la mer. Il est ceint par une colonnade à trois ailes ou porticus triplex.
La photo ci-dessus montre l’aile ouest (au fond) et l’aile nord (à droite) : cette dernière est surmontée par les fenêtres éclairant le long corridor qui conduit vers la piscine.
Le décor du portique est tout à fait caractéristique du IIIe style, avec des architectures très légères à l’intérieur desquelles apparaissent de gracieux animaux.
Une vaste piscine ou natatio fut édifiée à l’est, à l’époque impériale. Elle est bordée d’un portique vers lequel débouchent divers salons. L’ensemble est remarquable tant par ses dimensions (environ 3650 mètres carrés découverts à ce jour) que par son décor et ses jardins.
Le décor pictural des pièces ouvrant sur de petits jardins représente des paysages luxuriants peuplés de fleurs et d’oiseaux et ornés de fontaines. il prolonge la nature environnante.
Au sud, un salon orné d’oiseaux est décoré dans le IIIe style.
Le secteur de la piscine communique avec le grand jardin nord par un large passage dallé, l’exèdre.
Le cœur de la construction est occupé par des espaces domestiques : le laraire, une cour entourant une fontaine, un long corridor, les latrines etc.
C’est un autel ou une sorte de petit sanctuaire destiné au culte des Lares, les dieux du foyer. Il est situé au centre de la maison.
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Le petit péristyle intérieur autour de la fontaine
Cet espace qui entoure une fontaine est décoré d’une façon très rustique. Les pièces situés à proximité étaient sans doute réservées au travail des domestiques.
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Les latrines
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Le long corridor
Ce couloir fait communiquer le cœur de la maison avec l’espace de la piscine, en longeant l’aile nord du portique à trois ailes.