Au départ de la gare Porta Nuova, la via Roma est la principale artère du Turin monumental. Elle fut ouverte au XVIIe siècle par l’architecte Carlo di Castellamonte. La première partie de la via Roma conduit jusqu’à la piazza San Carlo. Au-delà, elle se poursuit vers la piazza Castello.
Face à la gare Porta Nuova, le jardin de la petite piazza Carlo Felice est la porte d’entrée à la via Roma.
Aux alentours de la gare, on découvre tout de suite le plan parfaitement orthogonal de Turin, marqué par des places ornées au XIXe siècle de statues des grands hommes de l’Italie unifiée.
Au nord de la piazza Carlo Felice, la première partie de la via Roma a été réaménagée entre 1936 et 1938 par un des architectes de Mussolini.
L’élégance de la piazza San Carlo est due au talent de l’architecte Carlo di Castellamonte (1560–1641) qui s’inspira des places d’armes à la française. Les travaux de la place commencèrent en 1619 et furent achevés par Amedeo di Castellamonte en 1650.
Sur la photo précédente on devine une statue équestre, au centre de la place.
Dénommée Le cheval de bronze cette statue est une œuvre réalisée en 1838 par le sculpteur Carlo Marocchetti. Elle représente le duc Emmanuel-Philibert de Savoie (r. 1553-1580), connu pour avoir été un chef militaire exceptionnel, pour avoir reconquis les territoires du duché et avoir transféré sa capitale de Chambéry à Turin.
En effet, en 1536, Emmanuel-Philibert, âgé de huit ans, est le seul et dernier héritier de la maison de Savoie dont les États sont bientôt annexés par le Royaume de France en 1538 à l’issue d’un épisode des guerres d’Italie. Son père l’envoie à la cour de Charles Quint empereur, roi d’Espagne, de Naples et de Sicile. Il s’y révèlera comme un homme de guerre d’une rare valeur, non seulement à cause de son courage, mais encore en vertu d’une science tactique remarquable.
En 1553, il succède à son père et part à la reconquête des États de Savoie.
En 1557, il est commandant en chef des troupes impériales et remporte, allié aux armées de Philippe II, la victoire sur les troupes du roi de France Henri II lors de la bataille de Saint-Quentin. Par les traités du Cateau-Cambrésis (1559), Emmanuel-Philibert de Savoie recouvre le duché de Savoie et le Piémont.
En 1562, la capitale du duché de Savoie, Chambéry, devenue une place trop souvent menacée par la France toute proche, est transférée à Turin et, en 1563, le couple ducal fait officiellement son entrée dans la capitale du Piémont.
On doit à l’architecte Carlo di Castellamonte les deux églises jumelles qui occupent le sud de la place. Cependant leurs façades sont plus tardives : la façade de Santa Cristina fut réalisée par Filippo Juvarra au XVIIIe siècle, tandis que celle de San Carlo date du XIXe siècle.
Après avoir déplacé la capitale des ducs de Savoie de Chambéry à Turin, Emmanuel-Philibert fit déplacer le Saint-Suaire qui était propriété de la maison de Savoie depuis 1453 et jusqu’alors exosé à Chambéry.
C’était pour raccourcir le pélerinage que Charles Borromée, archevêque de Milan de 1564 à 1584, avait prévu de faire à pied depuis Milan pour vénérer la sainte relique.
Construite à partir de 1639 dans le style baroque, l’église San Carlo est dédiée à Charles Borromée, canonisé dès 1610. L’église à nef unique et plafond voûté compte quatre chapelles.
L’église Santa Cristina fut construite à partir de 1639 sur ordre de Madame royale Christine de France, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, qui fut duchesse de Savoie puis régente du duché de Savoie de 1637 à 1648.
La façade, œuvre de Filippo Juvarra, fut inaugurée en 1718. À sa partie supérieure, de part et d’autre de la grande fenêtre ovale, se trouvent les statues de la Justice et la Charité. Sur la corniche, la photo précédente montre aussi la statue de saint Augustin entourée des deux saints patrons de la Savoie : saint François de Sales, prédicateur très écouté par la régente de Savoie Christine de France, et saint Maurice, représenté en soldat romain.
La nef est surmontée d’un plafond voûté et les murs accueillent des peintures du XVIIIe siècle à sujet historique ou biblique.
Plus loin sur la via Roma, en direction de la piazza Castello, s’ouvre une galerie construite en 1856 : ornée de marbres polychromes, la galleria San Federico est organisée en forme de T.