Sur la rive droite du Nil, dans la partie nord de Thèbes - de nos jours Louxor - se situait un immense espace sacré, aujourd’hui connu sous le nom de complexe de Karnak.
Édifié, reconstruit et développé pendant plus de 2 000 ans par les rois successifs, depuis le Moyen Empire jusqu’à l’époque ptolémaïque, le complexe comportait trois domaines, parmi lesquels le domaine d’Amon était le plus important.
Le domaine d’Amon fut le lemple le plus important de la XVIIIe dynastie. Une allée de sphinx de plus de deux kilomètres de long le reliait au temple d’Amon à Louxor, plus particulièrement dédié à la forme ithyphallique de la divinité.
Lors des festivités de la Grande fête d’Opet, la barque d’Amon voyageait de Karnak à Louxor, accompagnée de celles de Mout et de Khonsou. Le dieu allait ainsi se régénérer à Louxor avant de revenir à Karnak une dizaine de jours après. Lors de la Belle fête de la vallée, les trois barques sacrées traversaient le Nil pour que les effigies des divinités aillent visiter les temples de millions d’années des anciens rois, sur la rive orientale.
La photo ci-dessous montre une maquette du domaine d’Amon dont les limites sont matérialisées en gris-bleu. L’entrée du temple est au premier plan, précédée d’une esplanade qui conduit au temple depuis un quai d’embarquement situé en bordure du Nil. Nous visitons essentiellement l’enfilade des espaces qui se succèdent à partir de l’entrée monumentale. La succession de pylônes qui apparaît dirigée vers la droite de la photo conduit vers le domaine de Mout.
Un plan de Wikimedia permet de voir comment l’ensemble se développa au fil des siècles par agrandissements successifs :
le document accessible ici s'ouvre dans une fenêtre autonome.
L’entrée du temple se trouve à l’ouest et l’axe principal du temple est donc orienté de l’ouest vers l’est. En progressant dans le temple, on traverse une succession d’espaces en allant des plus récents vers les plus anciens. L’enceinte qui figure en gris-bleu sur la maquette est donc la plus tardive : elle date de Nectanebo Ier [2], comme le premier pylône.
Le premier pylône est le plus massif et le plus tardif : il date des règnes de Nectanebo Ier et Nectanebo II, derniers souverains d’origine égyptienne (r. 378-341). Ce pylône ne fut pas achevé et ne porte en particulier pas de décor gravé. Il a perdu son linteau et son môle nord est partiellement ruiné.
Cette cour se trouve entre le premier et le deuxième pylônes. Elle est fermée au nord et au sud par un mur de clôture doublé, du côté nord, d’une colonnade monumentale érigée par Sheshonq Ier, roi de la XXIIe dynastie [3].
Au moment de sa construction, la grande cour intégra deux édifices antérieurs : du côté sud, un temple dû à Ramsès III (r. 1187-1156) et, du côté nord, un reposoir des barques sacrées édifié par Séthi II (r. 1204-1198).
Dans la cour, Taharqa (r. 690-665), un des rois de la XXVe dynastie, édifia ultérieurement un kiosque dont il ne subsiste qu’une seule colonne complète.
Commencé par Horemheb (r. 1323-1293), le deuxième pylône est aujourd’hui ruiné. Il est précédé d’un vestibule devant lequel se dressent des statues colossales qu’on date de l’époque de Ramsès II.
Du côté droit de la cour, le temple de Ramsès III est un petit temple reposoir. Son pylône est suivi d’une cour à portique, d’une salle hypostyle, d’un vestibule et d’un triple sanctuaire destiné à accueillir chacune des barques sacrées de la triade thébaine.
La salle hypostyle s’étend entre le deuxième et le troisième pylônes
La salle est l’œuvre de Séthi Ier et de son fils Ramsès II. Elle fut édifiée entre 1291 et 1213, mesure 103 mètres sur 53 et compte 134 colonnes. Dans l’axe du temple se trouve une double rangée centrale de colonnes, plus anciennes et plus hautes que les autres : elle date d’Aménophis III. Ses colonnes ont un chapiteau en fleur de papyrus ouverte
De part et d’autre de cette colonnade centrale, les colonnes des deux ailes de la salle sont plus basses. leurs chapiteaux sont en forme de fleur de papyrus en bouton.
Les plafonds en dalles de pierre de la salle hypostyle étaient donc à deux niveaux. Cette particularité a permis la construction de claustras qui éclairaient la partie centrale de la salle alors que le reste demeurait dans l’ombre.
Les scènes qui illustrent les murs intérieurs de la salle hypostyle évoquent des processions et cérémonies. Sur plusieurs scènes, le roi est représenté sans couronne, c’est-à-dire comme un prêtre.
La photo qui suit est prise depuis le troisième pylône qui clôturait la salle du côté de l’est.
La cour aux obélisques se situe aujourd’hui dans un espace compris entre le troisième et le quatrième pylônes. Cet espace marquait à l’époque de Thoutmôsis Ier (r. 1493-1481) le seuil du domaine d’Amon, tout ce qu’on a vu jusqu’ici étant postérieur.
Le vestige principal de cette cour est un obélisque, unique reste d’une paire édifiée par Thoutmôsis Ier. On voit sa partie supérieure sur la photo ci-contre.
L’axe principal du temple va de l’ouest vers l’est et la photo d’ensemble qui précède est prise perpendiculairement à cette direction c’est-à-dire selon l’axe sud-nord, et plus précisément en direction du domaine de Montou qui se trouve au nord. Le troisième pylône apparaît donc à gauche et le quatrième pylône est à droite. Le deuxième obélisque qu’on aperçoit à droite sur cette photo appartient à la salle suivante.
La photo qui suit est prise en direction du sud : on y voit un pylône qui marque le début d’une allée processionnelle conduisant vers le domaine de Mout, au sud. Ce pylône est connu sous le nom de septième pylône. Au premier plan, en avant de ce pylône, une cour où fut découvert, au début du XXe siècle, un très important dépôt d’objets de culte : c’est la cour de la cachette.
Au-delà on aperçoit le huitième pylône plus élevé que le septième.
Cette cour étroite située entre le quatrième et le cinquième pylônes est une sorte de vestibule qui fut, pendant environ un siècle, au début du Nouvel Empire, la première salle du domaine d’Amon.
La photo est prise en direction du nord : le quatrième pylône est à gauche et le cinquième pylône à droite.
Le nom de ouadjyt fait référence aux colonnes papyriformes qui furent dressées dans cet espace et dont il ne reste apparemment rien. En revanche, Hatchepsout y fit ériger deux obélisques dont un seul est resté debout.
Thoutmôsis III fit doubler la face intérieure du quatrième pylône de statues colossales. On en devine une sur la gauche de la photo.
La vue suivante montre la succession des espaces à partir de la ouadjit (en anglais wadjit).
Les cinquième et sixième pylônes sont très proches l’un de l’autre et le deuxième est très peu élevé. Ils précèdent le sanctuaire de la barque. Le sanctuaire actuel est dû à Philippe Arrhidée, le successeur d’Alexandre, mais il se trouve à l’emplacement d’un sanctuaire antérieur édifié par Thoutmôsis III.
Au-delà de ce sanctuaire se trouve la cour du Moyen Empire. Et, plus loin encore, l’Akhmenou qui est un édifice autonome, néanmoins inclus par Toutmôsis III dans l’enceinte du temple.
L’enceinte du Moyen Empire fait suite au sanctuaire de la barque. Il n’en subsiste que des pierres de seuil réunies au premier plan de la photo ci-dessous.
Au-delà de la zone du Moyen Empire se situe une vaste extension bâtie par Thoutmôsis III. Son nom était Menkheperrê [Thoutmôsis III] est resplendissant de monuments [akh menou] dans la demeure d’Amon. Cette construction est désignée de nos jours comme "salle des fêtes".
L’édifice était à la fois
L’accès à l’akh-menou se trouvait dans l’angle sud-est de la cour du Moyen Empire. L’édifice fut construit en surélévation par rapport au reste des constructions de Karnak afin d’être à l’abri de la crue du Nil : c’est ce que montre la photo ci-contre, prise depuis l’entrée de l’édifice où se dressaient deux statues colossales du roi.
C’est dans l’akh-menou que se trouvait la salle connue sous le nom de chambre des ancètres de Toutmôsis III. Sur ses murs était gravée la liste de tous les rois depuis les origines.
La salle hypostyle a conservé une bonne partie de ses peintures.
Le jardin botanique est le nom de la salle qui se trouvait derrière et qui desservait les nombreuses salles annexes. Son plafond était soutenu par quatre colonnes papyryformes. Le décor de la salle évoquait nes plantes et les animaux des pays conquis en Asie par le souverain.
Ce temple fut édifié par Toutmôsis III au nord du domaine d’Amon. Remanié à plusieurs reprises par ses successeurs, il s’est retrouvé inclus dans l’enceinte du domaine d’Amon lorsqu’elle fut élargie, aux époques ultérieures.
Il était dédié, outre Amon, aux divinités memphites Ptah et son épouse Sekhmet.
[1] Montou est le dieu faucon de Thèbes où il était vénéré en tant que dieu de la guerre et protecteur des armes. C’est sous sa protection que les Montouhotep de la XIe dynastie se placèrent, au début du Moyen Empire.
[2] Roi fondateur de la XXXe dynastie.
[3] Cette dynastie (945-887), d’origine berbère, avait pour capitale la ville de Bubastis, dans le delta.