De l’horloge astronomique à la Maison municipale
La Vieille ville est le centre historique de Prague. Du Moyen Âge au XXe siècle, des monuments racontent l’histoire du peuple tchèque, à travers l’architecture et les mouvements artistiques de toutes les époques.
La très vaste place de la Vieille ville où se trouvait l’Hôtel de Ville avant les bombardements de 1945 est située au cœur de ce centre historique. On y trouve l’horloge astronomique, le mémorial de Jan Huss, les églises Saint-Nicolas-de-la-Vieille-ville, Notre-Dame devant le Týn et la basilique Saint-Jacques-le-Majeur, toute proche. Le nouvel Hôtel de ville n’est pas très éloigné tandis que la Maison municipale est un peu à l’écart.
Le quartier juif de Josefov et le couvent Agnès de Bohème font partie de ces anciens quartiers mais sont présentés par ailleurs.
La photo ci-dessus ne montre qu’une partie de la place : l’horloge astronomique est à gauche et l’église Notre-Dame devant le Týn est en arrière-plan, à droite.
La place est entourée de belles maisons.
L’horloge astronomique se trouve sur le mur sud de la tour de l’ancien Hôtel de ville.
Le monument à Jan Huss
Jan Huss, réformateur religieux né vers 1370 et mort sur le bûcher en 1415 prêchait en Bohème, royaume relevant alors du Saint-Empire romain germanique. Sur la place de la Vieille ville, la statue monumentale de style Sécession qui commémore son martyre fut inaugurée en 1915, pour le cinquième centenaire de sa mort.
Le contexte de la prédication de Jan Huss est celui d’une période où le haut clergé catholique était riche, corrompu et d’origine allemande. Ces travers rendirent la population tchèque réceptive aux idées de ce prêtre qui, tout en affirmant respecter le pape et la doctrine catholique, critiquait la mainmise du haut clergé sur son pays. Dénoncé comme hérétique, il fut excommunié par le pape en 1410, convoqué devant le concile de Constance, arrêté, jugé et brûlé vif en 1415. La population tchèque se souleva, suite à sa mort, de 1419 à 1436, et fut sauvagement réprimée par la chevalerie allemande lors des croisades hussites.
Jan Huss est considéré comme un des précurseurs de la réforme protestante du XVIe siècle.
Le bâtiment actuel fut construit dans les années 1732-1737 à l’emplacement d’une église médiévale incendiée. Son originalité résulte du fait que la façade est située sur un des côtés de l’église, comme le montre la photo précédente. L’édifice est l’œuvre de l’architecte Kilián Ignác Dientzenhofer [1].
C’est là qu’en 1920 fut fondée l’Église tchécoslovaque hussite qui gère toujours ce lieu de culte. La paroisse Saint-Nicolas-de-la-Vieille-ville reprend ainsi l’héritage du réformateur Jan Huss.
L’église Notre-Dame de Týn - ou devant le Týn - domine le quartier de la Vieille ville de ses deux tours. Elle doit son nom à la cour du Týn, une ancienne cour de marchands située à proximité.
La construction de l’église commença vers 1350, sous le règne de Charles IV. Elle est l’œuvre, pour sa partie gothique, de l’architecte français Mathieu d’Arras, par ailleurs premier architecte de la cathédrale Saint-Guy.
Notre-Dame de Týn fut l’église des Hussites de Prague jusqu’en 1621. L’église était malheureusement fermée pour restauration au moment de notre visite.
Cette église résulte de la reconstruction, dans un style baroque, suite à la destruction en 1689 par un incendie de l’édifice gothique préalable. C’était l’église conventuelle d’un monastère de frères mineurs.
Le Klementinum est un vaste complexe qui porte le nom d’une ancienne chapelle du Xe siècle dédiée à saint Clément et devenue par la suite un couvent de Dominicains puis de Jésuites. La plupart des bâtiments actuels datent du XVIIe siècle. Ils hébergent la bibliothèque nationale tchèque.
À l’occasion d’un concert, nous profitons de la chapelle des Miroirs, œuvre de l’architecte Kilian Ignaz Dientzenhofer.
Le nouvel Hôtel de ville est un édifice de style Sécession construit vers 1915 dans le quartier de la Vieille ville. L’ancien Hôtel de ville ayant été détruit par des bombardements, ce bâtiment est devenu en 1945 le siège du Conseil municipal de Prague et la résidence du maire de Prague.
La Maison municipale est un édifice dans le style de la Sécession viennoise, mouvement artistique de renouveau des formes architecturales et décoratives de la fin du XIXe siècle qui s’est développé à Vienne et Prague et qu’on a rattaché, à posteriori, à l’Art nouveau ou au Jugendstil allemand.
La Maison municipale est étroitement liée à l’histoire du peuple tchèque et à la Renaissance tchèque de la fin du XIXe siècle : c’est de son balcon que furent proclamées en 1918 l’indépendance du pays et la République tchécoslovaque. C’est là aussi qu’eurent lieu, suite à la révolution de Velours de 1989, les négociations entre Václav Havel et le Parti communiste tchécoslovaque accompagnant la chute du régime soviétique.
Le rez-de-chaussée de la Maison municipale est occupé par un café et un restaurant.
À l’intérieur on trouve, à l’étage, une salle de concert et divers espaces, bars et salons dont certains décorées par Alfons Mucha. Ces espaces étaient fermés lors de notre passage, mais les couloirs et circulations étaient accessibles.
Près de la Maison municipale, la somptueuse Tour poudrière est une construction du XIVe siècle témoignant des fastes de la cour de Bohème qui résida pendant un siècle dans un palais tout proche, là où se trouve aujourd’hui la Maison municipale.
[1] Kilián Ignác Dientzenhofer (1689-1751) travailla essentiellement pour la noblesse et le clergé de Bohème. Outre l’église Saint-Nicolas-de-la Vieille-ville, il édifia l’église Saint-Jean-Népomucène, les églises Saint-Thomas et Saint-Nicolas de Malá Strana (cette dernière à la suite de son père), la façade principale du sanctuaire Notre-Dame-de-Lorette et la Chapelle des miroirs du Klementinum