Occupé depuis l’époque achéménide puis à l’époque parthe, le site de Takht-e Suleymân (le trône de Salomon) est un ensemble architectural (palais, citadelle et temple) sassanide perché à 2200 mètres d’altitude sur une sorte de plateau au sommet duquel se trouve un lac.
C’est l’un des lieux les plus sacrés de l’Iran sassanide et la légende veut qu’il ait été fondé par l’un des rois mythiques, Key Khosrow. On dit aussi qu’après son couronnement, chaque roi sassanide y faisait un pélerinage depuis sa capitale de Ctésiphon en Irak.
À deux kilomètres environ à vol d’oiseau, la prison de Salomon est un gouffre qui n’est autre qu’un cratère d’apparence volcanique.
Le nom actuel des deux sites qui fait référence à Salomon date évidemment de l’époque islamique : il était en usage à l’époque de la conquête timouride (XIVe siècle).
L’ensemble domine d’une cinquantaine de mètres le paysage environnant. Le plateau, dont le centre est occupé par le lac, résulte de l’accumulation, au fil du temps, des concrétions calcaires déposées par une source thermale très minéralisée. La source est toujours active et le trop-plein du lac s’évacue par deux ruisseaux comme le montre la première des photos précédentes.
La partie inférieure des murailles date du IIIe siècle de notre ère. Renforcées à l’époque ilkhanide (1256-1335), ces dernières sont encore en bon état, de même que les bases de 38 tours qui défendaient l’enceinte.
Le lac mesure environ 120 mètres sur 80. En son centre, il est profond de 110 mètres. Ses eaux chaudes (21°C) et très minéralisées ont déposé au fil des siècles, à sa périphérie, une sorte de bordure surélevée qui l’enserre.
Le lac occupe le centre d’une vaste cour et la zone des principales constructions se situe dans la partie nord de l’enceinte. À l’intérieur du périmètre palatial et sacré, se trouvent les vestiges d’un temple du feu sassanide. Ce temple des guerriers (3), Adur Gushnasp, était, avec un temple des prêtres et un temple des paysans, l’un des trois temples du feu royaux lorsque le zoroastrisme était religion d’état, entre le IIIe et le VIIe siècles.
La présence de l’eau étant essentielle sur ce site, un autre temple, voisin du précédent, est attribué à la déesse de l’eau Anahita (4).
En vertu d’accord passés avec les conquérants, le temple du feu resta actif au moment de la conquête islamique (fin du VIIe siècle) puis, ultérieurement, sous la période abbasside. Il semblerait que c’est sous le règne des Seldjoukides que la ville fut le plus peuplée.
Suite à la conquête mongole, la dynastie ilkhanide s’établit en Perse et le second ilkhan, Abaqa, fit construire sur les lieux, après son accession au trône en 1265, un palais d’été réutilisant les structures sassanides.
Le plus spectaculaire des vestiges est le grand iwan (5) qui date de l’époque sassanide mais fut réutilisé à l’époque ilkhanide.
Le plan ci-contre, extrait du Guide culturel de l’Iran de P. Ringgenberg, fait apparaître :
1- L’entrée sud
2- Le lac de cratère
3- Le temple du feu
4- Le temple dit d’Anahita
5- L’iwan dit de Khosrow
6- Une salle à colonnes
7- Des constructions d’époque ilkhanide
Les constructions sont principalement regroupées dans la partie nord du site, tandis que le lac se situe au centre d’une vaste cour qui occupe la partie sud du site.
Au nord de la cour : une tribune
Au centre du mur qui borde l’ensemble palatial et sacré, une tribune ouvre sur la cour.
Le temple du feu et celui dit d’Anahita
Le temple du feu se situe juste au nord de la tribune précédente. C’est un tchahar-taq, élément d’architecture constitué d’une coupole sur trompes ouvrant vers l’extérieur par quatre arches.
À l’est du tchahar-taq, un espace cruciforme constitue le lieu où le feu sacré était entretenu dans un genre de bassin.
La partie principale du temple dit d’Anahita est une salle bordée de puissants piliers.
Au sud de cette salle se développent de vastes espaces, annexes probables des deux temples.
La mosquée et le hammam
Au nord du temple du feu, les Ilkhanides édifièrent une mosquée et un hammam.
La zone du hammam fait actuellement l’objet de fouilles.
La zone palatiale ilkhanide
Ce secteur s’étend à l’ouest de la zone de constructions, de part et d’autre du grand iwan de Khosrow.
Le musée occupe une vaste salle supportée par quatre colonnes, édifiée à l’époque ilkhanide. On la voit à gauche, à l’écart des autres constructions, sur le plan qui précède.
La prison de Salomon est un cône situé à deux kilomètres environ des vestiges archéologiques.
Arrivés au pied de Zendan-e Suleymân nous montons au cratère qui domine la plaine d’une centaine de mètres.