Située à une trentaine de kilomètres à l’est du lac Orumiyeh, Maragheh fut d’abord une ville prestigieuse à l’époque seldjoukide, aux XIe et XIIe siècles.
À l’invasion mongole succèda la dynastie ilkhanide (1256-1335). Maragheh fut alors, de 1256 à 1265, la capitale d’été du petit-fils de Gengis Khan, Hulagu Khan, fondateur de la dynastie, avant que ses successeurs choisissent Tabriz (1265-1306) puis Soltaniyeh (1306-1335). Elle fut par la suite rasée par Tamerlan.
En ville, nous visitons quatre mausolées ou tours funéraires, parmi les premiers à avoir été décorés de céramiques. Mais nous nous rendons d’abord à l’observatoire astronomique que fit construire Hulagu.
Originaire de Tus dans le Khorassan, Nasir al-Din al-Tusi (1201-1274) fut un très grand mathématicien et astronome. Il fut tout d’abord au service de la secte chiite ismaélienne des Nizârites dirigée depuis Alamut par les successeurs de son fondateur Hassan ibn al-Sabbah.
L’astronome se mit au service des Mongols après que leur chef Hulagu Khan, fondateur de la dynastie ilkhanide, eut rasé Alamut. Il devint ainsi l’un des conseillers d’Hulagu (r. 1256-1265) qui fit édifier pour lui un observatoire sur les hauteurs dominant la ville de Maragheh.
Les historiens considèrent que l’observatoire de Maragheh préfigura celui réalisé deux siècles plus tard à Samarcande pour Ulug Beg, mais aussi d’autres observatoires de Chine et d’Inde.
L’objectif assigné aux astronomes était alors l’établissement d’un calendrier précis et la recherche des conjonctions astronomiques supposées favoriser la réussite des entreprises des souverains.
Pour atteindre ce but, de nombreux savants étaient réunis et l’ensemble du site, protégé par une enceinte, était non seulement un centre d’observations mais aussi un lieu de calcul et de réflexion, constitué d’une quinzaine de bâtiments parmi lesquels l’observatoire proprement dit, des salles de travail et de réunion, une bibliothèque et des ensembles résidentiels.
Les vestiges de l’observatoire proprement dit sont protégés par un dôme hémisphérique moderne.
Les restes de l’appareil de visée sont essentiellement constitués d’un support en pierre qui apparaît au premier plan sur la photo qui suit. Au-delà, on voit les vestiges des six chambres de travail qui étaient situées sous le dôme et qu’on aperçoit sur le plan du site.
Il faut imaginer que la base de l’instrument de travail supportait un dispositif de visée, orientable uniquement dans un plan vertical fixe et dont la rotation était repérée sur un arc de cercle gradué.
Ces deux tours funéraires datant de l’époque ilkhanide ont perdu leurs coupoles. Sur l’une d’elles, une restitution moderne suggère un dôme pyramidal. C’est le Gonbad-e Khabub ou Tombeau bleu. L’autre mausolée, Gonbad-e Khâhar-e Hulagu, est désigné par certains sous le nom de Gonbad-e Gerd.
L’apparence extérieure des deux tours est très différente : celle située à l’arrière sur la photo précédente est cylindrique et apparaît constituée de brique nue tandis que l’autre est prismatique avec une surface entièrement ornée.
En passant au pied des tours, on peut en faire le tour.
Les deux tours de brique sont construites sur un soubassement de pierre qui abrite le tombeau proprement dit, semi enterré.
Ce mausolée date lui aussi de l’époque ilkhanide. À défaut de pénétrer dans le tombeau semi-enterré, nous pouvons entrer dans le mausolée proprement dit.
Ce mausolée est plus tardif que les trois précédents : il daterait du XIVe siècle.