À partir des ponts et du barrage de Khoda Afarin, nous remontons le cours de l’Araxe jusqu’à la ville de Djolfa. Nous longeons successivement la République auto-proclamée du Haut-Karabagh (à l’intérieur des frontières de la République d’Azerbaïdjan), la République d’Arménie qui n’a que 35 kilomètres de frontière commune avec l’Iran puis l’exclave Nakhitchevan-Azerbaïdjan qui partage 179 kilomètres de frontière avec l’Iran.
La rivière s’écoule majestueusement dans un paysage de montagnes arides. La vallée est parfois très verdoyante mais la rive opposée est absolument déserte. Par endroits, elle est manifestement sous contrôle militaire et les photos sont alors interdites.
En cours de route, nous faisons une halte à l’imâmzâdeh Sho’ayb à Douzâl.
Le lendemain, nous reprenons, sous le soleil et pour un temps, la route qui remonte le cours de l’Araxe en amont de Djolfa pour faire une halte à une première petite église arménienne, l’église Saint-André, encore appelée chapelle des bergers ou chapelle Chupan.
La tradition raconte que deux frères dont les moutons pâturaient dans la région, édifièrent chacun une chapelle, de part et d’autre de l’Araxe. L’église située sur la rive opposée fut détruite lors des récents affrontements. Celle-ci, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO au même titre que les autres monastères que nous visiterons dans la journée, fut restaurée par l’armée iranienne en 2015 et reconsacrée.
La chapelle est reconstruite sur les ruines de l’édifice d’origine et inclut quelques belles pierres sculptées et gravées qui sont des khatchkars offerts par des donateurs.
Le khatchkar est une pierre sculptée d’une croix souvent accompagnée d’une ornementation. Spécificité de l’art arménien, le khatchkar était autrefois présent sur tout le territoire de l’Arménie historique, bien plus vaste que l’actuelle République d’Arménie.
La symbolique du khatchkar se comprend par la christologie de l’église apostolique arménienne : la nature divine du Christ y est mise en avant et on ne saurait donc représenter sa mort. Le khatchkar s’interprète en cohérence avec la christologie : la croix ne symbolise pas la mort du Christ mais sa nature divine. C’est un arbre de vie.