À partir du XVIIe siècle
La National Gallery conserve quelques-uns des plus célèbres tableaux du monde. On peut certes y admirer quelques œuvres nationales, mais l’essentiel de la collection est constitué de tableaux d’artistes étrangers qui recouvrent toute l’histoire de l’art du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle.
La collection s’est constituée de manière modeste à partir de 1824 et s’est progressivement enrichie : deux tiers environ des œuvres proviennent de donataires.
Après l’article consacré aux œuvres antérieures à 1600, la visite se poursuit avec des œuvres réalisées à partir de l’année 1600.
Le souper d’Emmaus - Caravagio - 1601
Après la Résurrection, le Christ se dirige vers Emmaüs avec deux disciples. Les hommes ne le reconnaissent qu’au moment du repas, lorsque le Christ bénit le pain comme il l’avait fait lors de la Cène.
L’aubergiste est debout derrière le Christ. À gauche, l’un des disciples, surpris, se lève de sa chaise tandis que l’autre écarte les bras en signe d’étonnement. Ce dernier porte la coquille, attribut symbolique du pélerin.
Garçon mordu par un lézard - Caravagio - vers 1594
Cette toile peut être une allégorie d’une peine d’amour ou simplement une étude d’expression.
Cette peinture est l’une des œuvres de Caravagio réalisées expressément pour le marché et destinées à un groupe particulier de clients fortunés.
Salomé recevant la tête de Jean-Baptiste - Caravagio - Vers 1609
Quand Hérode autorisa Salomé à émettre un vœu, elle réclama la tête de Jean-Baptiste.
Bien que souvent représentée comme triomphante, Salomé détourne ici la tête de l’affreux spectacle.
Cette toile fut peinte après que Caravagio eut fui Rome suite à une accusation de meurtre.
Les quatre âges de l’homme - Valentin de Boulogne - Vers 1629
Dans cette allégorie, les quatre personnages représentent l’enfance, la jeunesse, la maturité et la vieillesse. Ils tiennent des objets qui renvoient aux différents âges de la vie.
Émule de Caravagio, Valentin travailla à Rome et peignait d’après des modèles vivants. Ici cependant, le naturalisme de la peinture contraste avec les positions des quatre personnages qui, quoiqu’assis autour d’une table, semblent s’ignorer.
Sainte Marguerite d’Antioche - Francisco de Zurbaran - 1630-34
La sainte est représentée comme une très élégante bergère, à la mise très soignée, portant un bâton et une sacoche.
Ce bâton pourrait passer pour une houlette s’il n’était surmonté par un croc. Outre ce bâton qui ressemble plutôt à une arme, la présence du dragon, en arrière-plan à gauche, suggère cependant, qu’une tragédie a pu se dérouler.
Le dragon rappelle en effet que, selon la légende, Marguerite avait été avalée par un monstre mais recrachée indemne, d’où son rôle de patronne des femmes en train d’accoucher.
La toilette de Vénus - Diego Velazquez - 1647-51
Vénus est allongée sur un lit, face au miroir que lui tend un angelot. La réflexion fait qu’on voit son visage et qu’elle semble regarder le spectateur plutôt qu’elle-même.
Le nu féminin était très rare dans la peinture espagnole de l’époque.
L’Immaculée conception de la Vierge, avec deux donateurs - Juan de Valdés Leal - 1661
Le dogme de l’Immaculée conception affirme que Marie fut conçue sans péché.
Elle est représentée debout sur la Lune, entourée de chérubins qui portent ses emblèmes.
Ce sujet était particulièrement populaire à Séville où travaillait Valdés Leal.
L’identité des donateurs est inconnue.
Jean-Baptiste enfant avec un agneau - Bartolomé Esteban Murillo - 1660-5
Saint Jean-Baptiste enlace un agneau, symbole du Christ. Le bâton posé sur le sol porte un rouleau de parchemin avec l’inscription "Voici l’agneau de Dieu".
La peinture fut réalisée pour décorer un autel extérieur à l’église Sainte-Marie-la-Blanche à Séville (ci-contre à droite) lors de l’inauguration de l’église en 1665.
Petite maîtresse d’école - Jean Siméon Chardin - Après 1742
Autoportrait au chapeau de paille - Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun - Après 1782
L’œuvre semble avoir été inspirée à l’artiste par une toile de Rubens intitulée "Le chapeau de paille" (ci-contre à gauche) qu’Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun avait vue à Anvers et qui se trouve aujourd’hui à la National Gallery.
Sur le portrait peint par Rubens, le chapeau est d’ailleurs en feutre et non pas en paille.
Mademoiselle Brongniart - Élisabeth Louise Vigée-Lebrun - 1788
Alexandrine-Émilie était la fille de l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart.
L’artiste avait trouvé refuge dans la maison de l’architecte durant le difficile été 1789.
Les portraits d’enfants d’Élisabeth Vigée-Lebrun les montrent souvent en train de pratiquer une activité. Ici, il s’agit du tricot.
Madame Moitessier - Jean-Auguste-Dominique Ingres - 1856
Madame Moitessier était la femme d’un riche banquier. Elle est vêtue d’une somptueuse robe de soie lyonnaise.
Ingres travailla douze ans à ce portrait. C’est également lui qui en dessina le cadre.
Angélique sauvée par Roger - Jean-Auguste-Dominique Ingres - 1819-39
Le héros, Roger, chevauche un hippogriffe, animal mythique mi-cheval mi-griffon, pour libérer Angélique, prisonnière d’un monstre marin.
Le sujet de ce tableau est inspiré d’un poème épique du XVIe siècle de L’Arioste, intitulé Orlando Furioso.
Les quatre heures du jour - Jean-Baptiste-Camille Corot - Vers 1858
Ces quatre tableaux furent peints en une semaine pour la décoration d’un appartement.
Ils illustrent les variations de la lumière d’un paysage de forêt de l’aube au crépuscule et à la nuit étoilée.
La chaise de Van Gogh - Vincent Van Gogh - 1888
Une simple chaise jaune est posée sur un sol de terre cuite, contrastant avec le bleu de la porte et les murs.
Les affaires personnelles du peintre, pipe et tabac, sont posés sur la chaise.
Derrière, des oignons en train de germer, dans une boîte.
Van Gogh prétendait que cette composition, à base d’objets quotidiens, illustrait son caractère direct et franc.
Champ de blé et cyprès - Vincent Van Gogh - 1889
Les cyprès évoquaient au peintre des "obélisques égyptiens".
Ceux-ci se trouvaient à proximité de l’asile psychiatrique de Saint-Rémy, près d’Arles, où le peintre passa un an.
Dressés dans un champ de blé, ils contrastent par leur verticalité et leur couleur avec les larges bandes horizontales du champ, des collines et du ciel.
Surpris ! - Henri Rousseau - 1891
Un tigre s’accroupit dans les fourrés, surpris par l’arrivée de l’homme.
La jungle de Rousseau est imaginaire, inspirée par les plantes tropicales des jardins botaniques parisiens. Le style naïf et le caractère statique de cette peinture n’empêchent pas un certain mouvement : la disposition de la végétation en diagonale évoque le vent.
Les grandes baigneuses - Paul Cézanne - 1894-1905
Onze figures féminines se reposent dans un espace imaginaire limité par des arbres.
Les formes des éléments du paysage renvoient à celles des corps sculpuraux et soulignent l’unité de l’homme et de la nature, de même que la tonalité bleue et les contours soulignés de noir utilisés tant pour les corps que pour le paysage.
Portrait de Bibi la Purée - Pablo Picasso - 1901
À vingt ans, Picasso arrive à Paris. Inspiré par l’animation de la scène artistique de la ville et par les personnages flamboyants qu’on y rencontre, il peint avec une nouvelle énergie.
Ce tableau montre un personnage excentrique et célèbre de la bohème montmartroise : ancien acteur, buveur d’absinthe invétéré et qui avait été secrétaire particulier du poète Paul Verlaine.
Son énergie grotesque est captée dans cette peinture à larges traits et aux couleurs vives
Misia Sert - Pierre-Auguste Renoir - 1904
Maria Godebska, connue sous le prénom de Misia, était une figure bien connue des artistes d’avant-garde au tournant du XXe siècle. De nombreux artistes firent son portrait.
Elle se maria trois fois et épousa le peintre espagnol José-Maria Sert en 1920.
Le lac Keitele - Akseli Gallen-Kallela - 1905
Akseli Gallen-Kallela fut l’un des artistes finlandais les plus renommés internationalement.
Le lac Keitele, situé au nord d’Helsinki, est ici représenté dans une veine à la fois naturaliste et symboliste : les stries argentées qui se croisent sur l’eau suggèrent le passage du bateau d’un héros mythique : Vâinämôinen.
La forêt de Fontainebleau - Henri Matisse - 1909
Les formes simplifiées des arbres sont brossées à grands coups de pinceau et colorées de teintes non-naturalistes : bleu et jaune pour le feuillage et les troncs, rose pour l’arrière-plan.
Ces couleurs et ces formes sinueuses sont caractéristiques du mouvement des Fauves, groupe d’artistes informel de l’époque.