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Histoire de la commune et dates remarquables

21 octobre 2017, par Raymond Vanbrugghe

L’histoire de la commune [1]

Sous l’Ancien Régime, le territoire de la commune actuelle était le siège de plusieurs fiefs :

  • La seigneurie de Virignin, aux Ravays au XVe siècle, aux Montbel au XVIe, aux Montillet au XVIIIe.
  • La seigneurie de La Balme-Pierre-Châtel, vraisemblablement aux Duport de la Balme dès le XIVe siècle, érigée en comté par Louis XV en 1746 au profit d’un Seyssel-La-Balme.
  • Montarfier, arrière-fief du chapitre de Belley.
  • Lassignieu, arrière-fief de l’évêché de Belley.
  • Le Goulet, arrière-fief anciennement aux Malet, passé au XVIIe siècle des Migieu aux Duport de La Balme, cédé par eux en 1689 à l’ordre de Malte.

Ce vaste territoire avait son centre à Saint-Blaise, au croisement de la route terrestre et de la voie fluviale, là où était le bac, là où se faisaient les transbordements, là où se percevaient les péages ; l’église de cette paroisse portuaire était près du port.

La commune est née à la Révolution par démembrement de la paroisse de Saint-Blaise : celle-ci s’étendait jusque-là sur les deux rives du Rhône, couvrant les territoires des communes actuelles de La Balme et de Virignin et des quatre hameaux de Furans, Chantemerle, Champtel et le Colombier.

En 1792, la Convention lui enleva La Balme, rattachée au département et au diocèse du Mont-Blanc.

L’administration de Louis-Philippe l’amputa en 1845 des quatre hameaux mentionnés plus haut, attribués à Brens. En compensation de cette dernière mesure, on lui céda Montarfier détaché de Belley.

Carte de Cassini entre Belley et Yenne (vers 1760)
Outre les fiefs évoqués plus haut, apparaîssent sur ce plan les Champagnes, le R(e)voiret ainsi que l’Ousson avec les moulins de.la Folatière et d’Yvron.

Des Virignolans écrivent au ministre de l’Intérieur

Certains textes écrits avec le plus grand sérieux prennent, avec le temps, une saveur que leurs auteurs n’avaient pas prévue.
Tel est le cas de cette adresse rédigée en 1845.

[/A son Excellence le Ministre de l’Intérieur/]

Excellence,
Les soussignés habitant la Section de Furans, le Collombier, Champtel et Chantemerle, commune de Brens, canton de Belley, département de l’Ain, tant en leur nom qu’en celui des cohabitants illitérés, ont l’honneur de vous exposer :

Que cette section a dans tous les temps fait partie de la Commune de Virignin, et que, par une loi du 4 Juin 1845, elle a été distraite de la commune de Virignin, pour être réunie à celle de Brens, contre leur gré, contre l’avis du conseil municipal de Virignin, contre l’avis d’une commission syndicale, nommée pour une enquête de commodo et incommodo, et contre celui du conseil d’arrondissement.

On les sort d’une commune riche par ses revenus et par sa position, une commune commerciale qui est traversée par une grande route impériale, un pont sur le Rhône, paysage considérable à l’étranger, le Fort de Pierre-Châtel, une des principales clés de France pour les porter dans une petite commune isolée, qui n’a aucun revenu et qui s’est imposée bien au dessus du vingt cinq pour cent pour subvenir à ses dépenses obligatoires ; autant aurait valu les sortir de leur foyer. Cette séparation les a grièvement blessés, dans leurs intérêts, dans leurs habitudes, dans leur sympathie, dans leur mémoire de leurs auteurs et par la tendance continuelle qu’ont les habitants de Brens à les opprimer.

Brens n’a jamais été érigé en paroisse, Brens n’avait qu’une chapelle annexe de la ville de Belley, et par décret impérial du 28 Août 1808 en exécution du décret du 30 Septembre 1807 a été réuni à la commune de Virignin pour le spirituel.

L’église de Virignin se trouve placée à l’extrémité de la commune (aux bords du Rhône) et la commune est aujourd’hui en voie et même en mesure de faire bâtir une église dans son centre et Brens tend à se faire séparer de Virignin.

Il importe, il y a même urgence de savoir si on la fera plus ou moins spacieuse et si on la placera proche de la commune de Brens ou à la convenance de Virignin seulement. Il est bien certain et matériellement démontré que la réunion des deux communes serait dans l’intérêt de tous et que plus les communes sont grandes, plus elles ont de ressources et qu’il y a économie pour l’État, pour l’administration et les administrés, et que ceux qui s’y opposent y sont portés par ignorance et par condescendance à l’amour propre de quelques personnes qui craignent de perdre leur influence.

Pour tous ces motifs, les exposants recourent à l’équité de Votre Excellence et la supplient de provoquer la réunion de ces deux communes concordant parfaitement dans le même Bassin, dont le chef-lieu serait à Virignin, d’autant mieux qu’il importe que cette commune soit grande et peuplée, soit pour faire fleurir le commerce, soit pour appuyer le Fort au besoin.

Les exposants laissent à la sagesse de Votre Excellence d’en apprécier le mérite, tant pour le temporel que pour le spirituel, et la réintégration de leurs droits, et vous supplient de soumettre leurs recours à sa Majesté l’Empereur qui n’a jamais fait défaut à tout ce qui est équitable.

[/(Archives municipales)/]

Les dates remarquables [2]

  • 1601 Traité de Lyon
    La Savoie cède le Bugey au royaume de France (Henri IV régnant).
    Le Rhône, des environs de Genève au confluent du Guiers, devient frontière.
    La France possède les deux rives du fleuve et des têtes du pont sur la rive gauche. La Balme est une de ces têtes de pont. La paroisse de Saint-Blaise comprend l’actuelle commune de La Balme et l’actuelle commune de Virignin, moins Montarfier (qui fait partie du territoire de Belley), plus les hameaux de Furans, le Colombier, Champtel et Chantemerle.
  • 1760 Traité de Turin, dit traité des limites
    La frontière franco-savoyarde est rectifiée. C’est le milieu du cours principal du Rhône qui devient frontière. Les têtes de pont sur la rive gauche sont supprimées. La Balme est restituée à la Savoie mais sans que la paroisse de Saint-Blaise soit démembrée et la paroisse de Saint-Biaise, à cheval sur la frontière, est donc une paroisse franco-savoyarde.
  • 1792 Les armées de la République française occupent la Savoie
    La Savoie est incorporée à la France sous le nom de département du Mont-Blanc (Savoie et Haute-Savoie actuelles). La paroisse de Saint-Blaise est amputée de sa partie savoyarde.
  • 1814 Défense de Pierre-Châtel
    Les armées des souverains européens coalisés contre Napoléon Ier envahissent la France. Pierre-Châtel est assiégé par 3 000 Autrichiens. Le capitaine Garbé, avec 150 hommes, résiste à leur canonnade pendant plus d’un mois.
    Le 23 avril, après l’abdication de Napoléon, Garbé quitte le fort avec les honneurs de la guerre.
  • 1815 Défense de Pierre-Châtel
    Nouvelle invasion des souverains coalisés, à la suite du retour de Napoléon Ier de l’île d’Elbe. Garbé, toujours commandant du fort, est à nouveau assiégé.
    Il ne quittera le fort, toujours avec les honneurs de la guerre, qu’après la cessation complète des hostilités.
    En novembre est signé le traité qui détache la Savoie de la France et l’incorpore au États sardes.
    Le Rhône est à nouveau frontière, Saint-Blaise un port frontière et Pierre-Châtel une place-forte en première ligne.
  • 1822 Début d’une longue période de renforcement des défenses de Pierre-Châtel
    La phase la plus importante se situera de 1840 à 1850 (construction de Fort-les-Bancs).
    Regain d’activité à Virignin.
  • 1837 Un pont suspendu remplace le bac à traille de Saint-Blaise.
  • 1845 Les limites de Virignin sont modifiées
    Les quatre hameaux de Furans, le Colombier, Champtel et Chantemerle sont rattachés à Brens. Montarfier est détaché de Belley et incorporé à Virignin.
  • 1860 La Savoie est incorporée à l’Empire français (Napoléon III régnant) à la suite d’un plébiscite.
    Le fort de Pierre-Châtel n’a plus d’intérêt militaire mais reste casernement.
  • 1921 La troupe quitte définitivement Pierre-Châtel.

[1D’après un article de Raymond Vanbrugghe dans le Bulletin municipal de Virignin de juillet 1991. Documentation rassemblée par Suzanne Sallaz et Raymond Vanbrugghe.

[2D’après un article de Raymond Vanbrugghe dans le Bulletin municipal de Virignin de juillet 1990.


Article mis à jour le 30 avril 2021