Sous l’Ancien Régime, le territoire de la commune actuelle était le siège de plusieurs fiefs :
Ce vaste territoire avait son centre à Saint-Blaise, au croisement de la route terrestre et de la voie fluviale, là où était le bac, là où se faisaient les transbordements, là où se percevaient les péages ; l’église de cette paroisse portuaire était près du port.
La commune est née à la Révolution par démembrement de la paroisse de Saint-Blaise : celle-ci s’étendait jusque-là sur les deux rives du Rhône, couvrant les territoires des communes actuelles de La Balme et de Virignin et des quatre hameaux de Furans, Chantemerle, Champtel et le Colombier.
En 1792, la Convention lui enleva La Balme, rattachée au département et au diocèse du Mont-Blanc.
L’administration de Louis-Philippe l’amputa en 1845 des quatre hameaux mentionnés plus haut, attribués à Brens. En compensation de cette dernière mesure, on lui céda Montarfier détaché de Belley.
Certains textes écrits avec le plus grand sérieux prennent, avec le temps, une saveur que leurs auteurs n’avaient pas prévue.
Tel est le cas de cette adresse rédigée en 1845.
[/A son Excellence le Ministre de l’Intérieur/]
Excellence,
Les soussignés habitant la Section de Furans, le Collombier, Champtel et Chantemerle, commune de Brens, canton de Belley, département de l’Ain, tant en leur nom qu’en celui des cohabitants illitérés, ont l’honneur de vous exposer :Que cette section a dans tous les temps fait partie de la Commune de Virignin, et que, par une loi du 4 Juin 1845, elle a été distraite de la commune de Virignin, pour être réunie à celle de Brens, contre leur gré, contre l’avis du conseil municipal de Virignin, contre l’avis d’une commission syndicale, nommée pour une enquête de commodo et incommodo, et contre celui du conseil d’arrondissement.
On les sort d’une commune riche par ses revenus et par sa position, une commune commerciale qui est traversée par une grande route impériale, un pont sur le Rhône, paysage considérable à l’étranger, le Fort de Pierre-Châtel, une des principales clés de France pour les porter dans une petite commune isolée, qui n’a aucun revenu et qui s’est imposée bien au dessus du vingt cinq pour cent pour subvenir à ses dépenses obligatoires ; autant aurait valu les sortir de leur foyer. Cette séparation les a grièvement blessés, dans leurs intérêts, dans leurs habitudes, dans leur sympathie, dans leur mémoire de leurs auteurs et par la tendance continuelle qu’ont les habitants de Brens à les opprimer.
Brens n’a jamais été érigé en paroisse, Brens n’avait qu’une chapelle annexe de la ville de Belley, et par décret impérial du 28 Août 1808 en exécution du décret du 30 Septembre 1807 a été réuni à la commune de Virignin pour le spirituel.
L’église de Virignin se trouve placée à l’extrémité de la commune (aux bords du Rhône) et la commune est aujourd’hui en voie et même en mesure de faire bâtir une église dans son centre et Brens tend à se faire séparer de Virignin.
Il importe, il y a même urgence de savoir si on la fera plus ou moins spacieuse et si on la placera proche de la commune de Brens ou à la convenance de Virignin seulement. Il est bien certain et matériellement démontré que la réunion des deux communes serait dans l’intérêt de tous et que plus les communes sont grandes, plus elles ont de ressources et qu’il y a économie pour l’État, pour l’administration et les administrés, et que ceux qui s’y opposent y sont portés par ignorance et par condescendance à l’amour propre de quelques personnes qui craignent de perdre leur influence.
Pour tous ces motifs, les exposants recourent à l’équité de Votre Excellence et la supplient de provoquer la réunion de ces deux communes concordant parfaitement dans le même Bassin, dont le chef-lieu serait à Virignin, d’autant mieux qu’il importe que cette commune soit grande et peuplée, soit pour faire fleurir le commerce, soit pour appuyer le Fort au besoin.
Les exposants laissent à la sagesse de Votre Excellence d’en apprécier le mérite, tant pour le temporel que pour le spirituel, et la réintégration de leurs droits, et vous supplient de soumettre leurs recours à sa Majesté l’Empereur qui n’a jamais fait défaut à tout ce qui est équitable.
[/(Archives municipales)/]
[1] D’après un article de Raymond Vanbrugghe dans le Bulletin municipal de Virignin de juillet 1991. Documentation rassemblée par Suzanne Sallaz et Raymond Vanbrugghe.
[2] D’après un article de Raymond Vanbrugghe dans le Bulletin municipal de Virignin de juillet 1990.