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Port de Saint-Blaise - Quartier de la Chapelle et de Saint-Sorlin

Bulletin municipal de février 1992
16 octobre 2017, par Raymond Vanbrugghe

Le port de Saint-Blaise

Il est certain que, dès l’époque gallo-romaine, il y eut à Saint-Blaise une agglomération doublée d’un lieu de culte, qui ne pouvait être, à cet emplacement, qu’une agglomération portuaire.

L’existence de vestiges gallo-romains est connue de longue date.

En 1808, on recueillit dans les ruines de deux pièces de 8 à 9 mètres de long les restes d’une mosaïque polychrome. Ils furent employés au pavage du chœur de l’ancienne église toute proche où on peut encore en voir des motifs fragmentaires mais identifiables.

Plus récemment, on a dégagé du mur de l’église un beau cippe en pierre à quatre faces semblables avec base et couronnement moulurés surmonté d’un grand disque de 0,40 m de diamètre, avec noyau central, sans inscription, mais considéré par A. Dubiez, qui l’a décrit en 1937, comme un autel de Mithra (disparu depuis). Dans le cimetière de la même église, on a trouvé en réemploi une épitaphe païenne répertoriée au corpus des inscriptions latines (XII 2438). Il est tentant d’attribuer au même site un autel à Apollon, conservé au Musée de Brou et mentionné par Allmer comme trouvé à Virignin (sans autre précision) et dont l’inscription a été traduite : Au Dieu Apollon, Publius C. Pupus, avec reconnaissance en accomplissement de son vœu.

Depuis lors, le port de Saint-Blaise ne servit pas qu’au franchissement du fleuve. Ce fut aussi un port d’embarquement et de débarquement pour les voyageurs et les marchandises en provenance ou à destination du Belley et du Valromey. Il fut particulièrement peuplé et animé par le personnel de la Ferme Générale sous l’Ancien Régime, de la douane nationale par la suite, aux époques où Saint-Blaise était port-frontière (de 1601 à 1860, avec une coupure de 25 ans sous la Révolution et 1er Empire). L’actuel château de Saint-Blaise, acquis vers 1860 par la famille de Certeau à qui il appartint un bon siècle, occupe vraisemblablement l’emplacement d’anciens locaux administratifs et le beau bâtiment à portes cochères qui y est annexé est, selon toute apparence, un ancien entrepôt des douanes.

Saint-Blaise d’après un plan de 1761 en vue de la construction d’une nouvelle route (en trait gras)
On distingue le bac à traille, l’église E, le cimetière C, le presbytère P et le jardin du curé.

En 1851, les Services de la Navigation autorisent la mise en place d’un ponton débarcadère sur la rive droite du Rhône, au port de Saint-Blaise, vers la rampe de l’ancienne traille, à l’extrémité sud des jardins de la douane pour le service des bateaux à vapeur assurant le service Lyon - Aix-Les-Bains. Cette concession, qui donne droit à perception d’un péage sur les voyageurs, bagages et marchandises, est néanmoins gratuite pour l’exploitant à raison des conditions peu favorables dans lesquelles se trouve la navigation du Haut-Rhône et des bénéfices incertains que l’exploitation des pontons procure aux permissionnaires.

De 1858 à 1864, l’attributaire est un sieur Anthelme Guillet, aubergiste à Virignin. Au 18e et 19e siècles, on trouve couramment mention de deux autres ports au Goulet et à Furans. Dans chacun des trois ports était établi un maître fustier qui employait du personnel à la construction et à l’entretien des bateaux. En 1903 encore, le Service des ponts et chaussées de Culoz enjoint au maire de rappeler aux propriétaires riverains qu’ils doivent laisser libre sur leurs terrains aboutissant au Rhône une zone de halage libre de 9,75 m de largeur et que les mariniers ont le droit d’abattre dans cette zone tout ce qui fait obstacle aux équipages de remonte.

Église de Saint-Blaise

Généralement datée du XIIe siècle, elle n’était pas voûtée. La nef, pavée de pierres tombales portant des millésimes répartis sur une dizaine d’années autour de 1730, est flanquée d’une petite chapelle de style flamboyant, assez bien conservée.

Le jardin de la cure était autrefois séparé du cimetière par une rangée de mûriers que le curé avait été autorisé à y planter pour subvenir aux besoins du luminaire de l’église. Encore au début du 20e siècle, quelques familles de la commune tiraient un revenu de l’élevage du ver à soie.

Le traité de 1601, qui attribuait le Bugey à la France, avait fait de la paroisse de Saint-Blaise, territoire de La Balme compris, une paroisse française. Le traité de Turin, en 1760, restitua La Balme aux États Sardes, sans qu’il en résultât de division de la paroisse. L’amputation, comme on l’a vu, fut l’œuvre de la Révolution et, dès 1793, on parla de déplacer l’église qui, dès lors, se trouvait totalement excentrée par rapport au territoire desservi.

L’idée étant dans l’air et à maintes reprises remuée, on n’entretint plus la vieille église, ni la cure attenante et les bâtiments étaient en bien mauvais état quand, en 1846, l’Abbé Gamet fut nommé curé.

L’ancienne et la nouvelle églises font l’objet d’un article spécifique

Quartier de la Chapelle et de Saint-Sorlin

Situés à l’extrémité nord de l’agglomération de Virignin, ces quartiers limitrophes, dont le premier est encore habité, sont difficilement dissociables.

La Chapelle et Saint-Sorlin sur le cadastre napoléonien
Les titres ont été renforcés.

Un monticule, au nord des dernières maisons, indiquerait, d’après la tradition, l’emplacement d’une ancienne chapelle dont on ne sait rien d’autre. À l’appui de cette tradition, on peut signaler la découverte fortuite, au nord du monticule, de séPultures qu’on ne sait dater, faute d’observations au moment des faits.

Les habitations de ce quartier sont édifiées, pour une bonne part, sur des substructions antiques, rencontrées à maintes reprises au cours des travaux. Il subsiste, conservés chez des particuliers, quelques vestiges qui témoignent de constructions d’une certaine richesse : une base de colonne, un chapiteau, un piédestal retaillé pour servir de montant de portail, une colonnette réutilisée comme support de table de jardin.

Cette dernière pièce a été trouvée dans le remplissage d’un aqueduc dont on peut penser qu’il alimentait le site depuis une source distante de moins de 300 m. Actuellement, cette source se déverse dans le bassin d’une fontaine figurant au cadastre de 1835 sous le nom de fontaine Saint-Sorlin. Ce bassin, encore visible sur la bordure est du chemin sous la montagne, était utilisé au début du siècle comme routoir pour le chanvre. La fontaine Saint-Sorlin est mentionnée dans le texte d’une transaction intervenue en 1360 entre le Comte Vert et l’Évêque de Belley.

En 1817 ou 1818, on a découvert sous une maison du quartier de la Chapelle une mosaïque polychrome dont une certaine surface était conservée. Des fragments, transportés sans précaution à Belley, ne furent pas gardés. On peut penser qu’il y avait là une belle villa, établie, selon les vues de Vitruve, au point de rencontre des pentes boisées, du bocage et de la plaine à champs ouverts.

[/Documentation rassemblée par Suzanne SALLAZ et Raymond VANBRUGGHE./]


Article mis à jour le 22 avril 2023