L’Alcazar est un palais fortifié construit par les Omeyyades à partir de 844 et modifié à plusieurs reprises pendant la période musulmane, notamment sous les Almohades (1172-1248).
Après la reconquête de Séville par Ferdinand III en 1248, son fils Alphonse X de Castille entreprit la construction d’un premier palais, de style gothique, sur le site de l’Alcazar musulman. Au siècle suivant, à la suite du tremblement de terre de 1356 qui détruisit une grande partie de Séville, Pierre Ier de Castille y ajouta un palais de style mudéjar.
L’ensemble fut modifié une nouvelle fois par Charles Quint au XVIe siècle.
L’Alcazar de Séville, qui ne conserve que peu de restes de l’époque musulmane, est considéré comme l’exemple le plus brillant de l’architecture mudéjar dans la péninsule ibérique.
La photographie ci-dessus est prise du sommet de la Giralda. Elle montre l’étendue, encore aujourd’hui, des murailles qui furent édifiées à l’époque musulmane. Le palais de l’Alcazar n’occupe plus de nos jours que la moitié droite de la photo. L’accès s’effectue par la porte du Lion qu’on ne peut qu’imaginer au fond de la toute petite place située à l’extrême-droite. Au centre de la photo, la vaste place entourée d’orangers et recouverte d’un sable jaune clair est la cour des Drapeaux ou patio de las Banderas, jadis place d’armes de l’Alcazar et aujourd’hui devenue un espace extérieur à l’enceinte de l’Alcazar.
En franchissant l’enceinte almohade, on entre dans le palais par la Porte du Lion qui donne sur la cour du même nom. De l’autre côté, cette cour est fermée par une autre muraille d’époque almohade qui la sépare de la cour de la Vènerie.
La cour du Lion donne accès à la salle de Justice qui débouche elle-même sur la cour des Stucs (patio del Yeso).
La salle de Justice est une construction mudéjar du roi Pierre Ier (1334-1369), sur des restes d’époque almohade.
La cour des Stucs est un vestige d’époque almohade. L’une de ses galeries est constituée d’une succession d’arcs polylobés surmontés d’une décoration d’arcs entrelacés ou sebka.
Deux édifices importants donnent sur la cour de la Vènerie (patio de la Monteria). Le plus ancien est le palais mudéjar édifié par le roi Pierre Ier. Il est inspiré des palais nasrides de l’Alhambra de Grenade.
L’autre édifice est la Maison du Commerce des Indes ou Casa de Contratación qui fut créée à Séville en 1503 par la reine Isabelle la Catholique. Cette administration organisait les expéditions des grands navigateurs et contrôlait le commerce des Indes espagnoles. Ses bâtiments sur deux étages furent édifiés dès la création, dans l’enceinte de l’Alcazar.
C’est dans la salle des Audiences de la Casa de Contratación que les Rois Catholiques reçurent Christophe Colomb à l’issue de son second voyage. Cette salle fut transformée en chapelle dès le XVIe siècle. L’autel est surmonté d’un retable du peintre Alejo Fernández (1475-1545). Intitulé La Vierge des navigateurs, ce tableau est l’un des plus célèbres du maître sévillan.
On accède à l’étage par un escalier monumental construit sous le règne de Philippe II.
Lors de notre visite, les salons de l’étage hébergeaient une exposition d’azulejos sévillans.
Les mudéjars sont les musulmans d’Espagne devenus sujets des royaumes chrétiens après le XIe siècle (à Tolède) ou plus tard (1248 à Séville) et tolérés jusqu’en 1492, date où ils furent expulsés à l’issue de la reconquête du royaume de Grenade.
En architecture, les mudéjars mis au service des souverains chrétiens utilisèrent leurs propres techniques dans la construction d’églises ou de palais gothiques et même Renaissance : emploi de la brique, arcs outrepassés ou en fer à cheval, arcatures aveugles, clochers en forme de minarets.
En ornementation, leur art se caractérise par les décors de plâtre ciselé polychrome ou yeserias et de céramique ou azulejos, l’emploi de motifs en arabesques, l’édification de plafonds à caissons ou artesonados et la marqueterie.
À partir du XIVe siècle, les monarques castillans s’inspirent des modèles mudéjars pour construire leurs résidences. Le palais édifié par Pierre Ier de Castille est considéré comme l’exemple le plus brillant de l’architecture mudéjar dans la péninsule ibérique.
La façade du palais de Pierre Ier donne sur la cour de la Vènerie.
L’ensemble des salons et vestibules s’organisent autour de la cour des Demoiselles ou patio de las Doncellas.
Le patio est entouré d’une galerie à étage. Le niveau inférieur est finement décoré dans le style nasride, tandis que l’étage, au décor plus tardif, présente des arcades de style Renaissance. La photo ci-dessus montre également une tour octogonale qui surmonte le salon le plus riche du palais, celui des Ambassadeurs.
À une extrémité de la cour des Demoiselles, le salon des Ambassadeurs est la salle à l’ornementation la plus riche.
On parcourt des salles auxquelles ont été donnés les noms des Rois Catholiques, de Charles Quint et de Philippe II et on termine par la petite cour des Poupées ou patio de las Muñecas.
Ce palais fut le premier édifié à l’Alcazar par les rois de Castille après la reconquête de Séville. Il fut affecté par le tremblement de terre de 1356, largement réaménagé par Charles Quint et à nouveau modifié au XVIIIe siècle à l’issue du tremblement de terre de Lisbonne dont les effets se firent sentir jusqu’à Séville.
C’est dans la salle voûtée encore appelée salle des fêtes qu’eut lieu le banquet de mariage de Charles Quint et d’Isabelle de Portugal. La salle est décorée d’une plinthe d’azulejos du XVIe siècle à dominante jaune. Leurs motifs sont essentiellement formés d’arabesques végétales et de figures fantastiques. Ces motifs, appelé grotesques, étaient très en vogue à la Renaissance, suite à la découverte de la Domus Aurea ou Maison dorée, l’immense palais de Néron à Rome.
La salle des Tapisseries qui date du XVIIIe siècle est ornée de tentures réalisées à la manufacture royale de Madrid au XVIIIe siècle et célébrant la prise de Tunis en 1535.
En sortant du palais, on découvre un bassin surélevé par rapport aux jardins : c’est le bassin de Mercure d’où part une longue galerie maniériste, la galerie du Grotesque. Elle s’enfonce vers les jardins tout en en restant au-dessus d’eux, procurant ainsi de beaux aperçus sur la végétation.