Avec Erfoud, Rissani est l’une des deux villes les plus importantes du Tafilalt, région historique centrée sur les basses vallées du Ziz et du Gheris. Installée sur le site de l’ancienne Sijilmassa, Rissani porte aujourd’hui le nom du fondateur de la dynastie alaouite, Moulay Ali Cherif. La cité reste un marché très actif, héritier de l’ancienne halte caravanière sur les routes issues du Sahel.
Au VIIIe siècle, une tribu originaire de Tunisie et installée à Meknès, les Meknassa, fonde la principauté de Sijilmassa, sur le site d’une cité marchande où faisaient halte les caravanes issues du Sahel transportant l’ivoire, la poudre d’or du Ghana, les plumes d’autruche et les esclaves.
Sijilmassa fut conquise par les Almoravides au milieu du XIe siècle mais continua de prospérer jusqu’au XIVe siècle, ouverte sur l’ensemble du monde connu. Elle déclina ensuite au profit de Marrakech et fut rasée en 1818 par la confédération berbère des Aït Atta.
Au nord-ouest de Rissani subsistent quelques ruines de la cité de Sijilmassa.
Le mausolée du fondateur de la dynastie alaouite se trouve à proximité de Rissani.
Le nom, alaouite, de la dynastie qui règne sur le Maroc depuis la seconde moitié du XVIIe siècle vient de l’arabe alawi, descendant d’Ali, gendre du prophète Mahomet. Venus de Syrie, des Alaouites se seraient installés dans le Tafilalt au XIIIe siècle. Le fondateur de la dynastie régnante est Moulay Chérif, ou encore Moulay Chérif Ben Ali, qui régna sur le Tafilalt de 1631 à 1659.
Les princes du Tafilalt devinrent sultans du Maroc à la suite d’une période d’instabilité après le décès du dernier sultan de la dynastie des Saâdiens en 1659 : le troisième prince alaouite du Tafilalt, Rachid ben Cherif, réunifia le pays entre 1664 et 1669 et réinstaura un pouvoir central, marquant ainsi le début de la dynastie alaouite toujours à la tête du royaume.
Le mausolée, détruit par une crue du Ziz en 1965, a été reconstruit autour d’une mosquée et d’un jardin planté de palmiers, grenadiers, abricotiers, orangers et de rosiers de Damas. La réalisation de l’édifice met en valeur les techniques artisanales traditionnelles : travail du bronze et du laiton, marqueteries de bois, stucs, carreaux de céramique et zellige [1].
Au sud-ouest de Rissani se trouve un belvédère, proche d’un site d’extraction de roches à fossiles. De là on jouit d’une vue sur la palmeraie du Tafilalt.
Le ksar de Tingheras est tout proche.
Rissani, aujourd’hui Moulay Ali Cherif, a conservé la tradition marchande de Sijilmassa.
[1] Le zellige (de l’arabe "petite pierre polie") est une mosaïque dont les éléments ou tesselles sont des morceaux de carreaux de terre cuite émaillée. Ces morceaux sont découpés un à un à partir de carreaux de céramique et déposés sur un lit de mortier pour former un assemblage géométrique. Le zellige, utilisé principalement pour orner des murs ou des fontaines, est un composant caractéristique de l’architecture marocaine.