Le nom de l’Escaut, Schelde en néerlandais, apparaît pour la première fois sous la forme latine Scaldis dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules de César. Il pourrait dériver d’un adjectif signifiant « peu profond ». Mais l’histoire d’Anvers ne démarre véritablement que vers 900, avec l’établissement d’un premier village sur une éminence dominant le fleuve. Ce village, poste frontière de l’empire germanique, sera par la suite défendu par un château-fort de pierre, le Steen.
L’Escaut au cœur du développement d’une région, au Moyen Âge
L’Escaut a joué un rôle déterminant dans le développement de la Flandre, du Brabant et du Hainaut. Le fleuve traverse une région dont la richesse agricole a permis une densification de la population et une urbanisation très précoces : l’Escaut reliait ainsi les villes de Cambrai, Valenciennes, Tournai, Audenarde, Gand et Anvers, mais aussi, grâce à ses affluents, Douai, Arras, Lille, Courtrai, Mons, Malines, Louvain et Bruxelles. Toutes ces villes furent dès le Moyen Âge de riches cités d’importance européenne : le fleuve favorisant le commerce fluvial et maritime les mettait en effet en constante relation entre elles et avec le reste de l’Europe.
En 1312, Anvers obtient une charte qui fait d’elle une ville démocratique. La ville et son port supplantent bientôt la voisine Bruges, condamnée par l’ensablement de l’estuaire qui la reliait à la mer.
Au XVIe siècle, une place commerciale et financière d’importance mondiale
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- Les Dix-Sept-Provinces ou Pays-Bas Espagnols
La navigation sur l’Escaut et l’activité du port d’Anvers furent très importantes vers le milieu du XVIe siècle alors qu’Anvers était une ville particulièrement opulente.
La première bourse de commerce d’Europe fut créée à Anvers en 1460. La Feitoria de Flandres, fondée en 1508 à Anvers par la Couronne portugaise, fut la principale tête de pont de son empire commercial, à l’intersection des routes des colonies du Brésil, de l’Afrique et des Indes orientales : c’est Anvers qui distribuait vers l’Europe du nord les épices et marchandises ramenées des Indes et d’Afrique par les navires portugais. On considère qu’une première bourse des valeurs, au sens moderne du terme, fut fondée en 1531 à Anvers.
Très vite, l’Empire espagnol envoya vers Anvers les marchandises issues d’Amérique, en particulier l’argent du Mexique et du Potosí, tandis qu’après 1560 les convois portugais atteignaient le Japon. C’est ainsi qu’Anvers devint la première place commerciale d’échelle mondiale.
Le déclin économique consécutif aux luttes politico-religieuses
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- Les Provinces-Unies et les provinces de la Domination d’Espagne
En 1576, suite à des soulèvements contre le roi d’Espagne Philippe II, des soldats espagnols pillent la ville : c’est le "sac d’Anvers". En 1578, les calvinistes prennent la ville et de nombreuses églises sont saccagées. En 1581 intervient la scission des Dix-Sept Provinces ou Pays-Bas Espagnols entre
- les Sept-Provinces ou Provinces-Unies, protestantes, au nord, qui font sécession,
- et les dix Provinces du sud à majorité catholique, séparées du nord par la force des armées espagnoles. Le sud reste sous le joug espagnol, tandis qu’Anvers, à la frontière de ces deux régions, est toujours occupée par les calvinistes.
En 1585, la ville tombe aux mains des Espagnols après un long siège dirigé par le duc de Parme Alexandre Farnèse, gouverneur des Pays-Bas pour le compte de Philippe II. Les Provinces du nord ferment alors l’Escaut pour affaiblir le roi d’Espagne.
Le commerce se détourne donc vers Rotterdam, La Haye et Amsterdam et le déclin économique d’Anvers s’amorce. Mais la ville continue à profiter de la présence des artistes : Pierre Paul Rubens, Jacob Jordaens, David Teniers, Antoine Van Dyck sont les plus connus.
Le développement du port reprend au XIXe siècle avec la création de la Belgique dont Anvers devient le port principal.

- L’accès monumental à l’Escaut, face à l’avenue qui conduit vers la cathédrale